Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 141]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

276

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

queute était le tirage des mines ; le comité d'exploitation s'en préoccupait depuis quelques années, et il avait

mis cette question à l'étude dans sa conférence du 17 juillet 1828. L'attention du comité s'était portée spécialement sur l'allumage des mines, qui lui paraissait particulièrement

dangereux; déjà, en 1824, il avait été proposé de ne tirer les mines que hors coupe dans les fosses grisouteuses. Cette proposition, vivement approuvée, avait été oubliée depuis. En 1828, le comité revint sur cette question. « L'action de la poudre pilée, dit le rapport de la conférence, dont on fait usage pour amorcer les mines, pa-

raissant trop lente et étant cause que les fétus en paille dont se servent les mineurs jettent souvent de la flamme et occasionnent ainsi des explosions de grisou, l'agent général, voulant parer à cet inconvénient grave, décide qu'on examinera le moyen qu'il convient d'adopter pour porter remède à cet état de choses (*). »

Fusée anglaise. - La question resta à l'étude jusqu'en 1844 sans avancer d'un pas pendant que les inflammations sur coups de mine se succédaient sans interruption. En 1844, on fit de nombreux essais sur des fusées et amorces de sûreté anglaises ; les rapports des directeurs du fond déclarèrent les résultats des expériences très satisfaisante, et la fusée anglaise fut adoptée par la conférence du 25 mai. Malheureusement cet engouement dura peu, si nous en jugeons par ce rapport du mois d'octobre 1845:

« Le gaz s'est enflammé sur l'explosion d'une mine à Lompré; ici, comme partout ailleurs, on fait usage de la fusée de sûreté; mais, au dire de l'ouvrier, il parait (") Il semble qu'à cette époque, on accusait plutôt la fusée que la poudre de causer les inflammations de grisou.

277

que c'est sur la fusée et avant même l'explosion que le coup s'est fait sentir; s'il en était ainsi, les fusées n'auraient-elles pas aussi leurs inconvénients ? » L'année suivante, la désillusion était complète. « Le gaz est resté en feu sur l'explosion d'une mine à

la fosse de la Régie, dit un rapport du mois de mars 1846, il est à observer que l'on fait dans ce travail usage de fusées et que c'est à celles-ci que le gaz s'est enflammé. »

Sans doute la mèche de sûreté anglaise constituait un réel progrès sur le fétu belge : avec une mèche bien fabriquée, n'ayant pas de crachements latéraux, le danger

dû à la fusée n'existe que pendant la combustion des premiers centimètres, la flamme s'éteignant ensuite par suite de son passage dans un tube étroit. Mais il n'en reste pas moins établi que les étincelles, lancées par l'extrémité de la fusée au moment de sa mise en feu, suffisent très bien à enflammer une atmosphère grisouteuse. Et le meilleur moyen de ne pas avoir d'explosion de grisou est toujours de ne pas avoir de grisou, c'est-àdire de disposer d'un aérage suffisant pour rendre toute

accumulation de gaz impossible. Bien que nous n'ayons à signaler aucune explosion particulièrement grave durant la période que nous étudions en ce moment, il se produisit pourtant alors quelques accidents dont le récit ne manque pas d'intérêt et qui sont toujours causés soit par des coups de mine, soit par des infractions au règlement sur les lampes de sûreté.

Fosse Ernest, 23 juin 1842 (Deux blessés).Le 23 juin

1842, une explosion de grisou éclata sur un coup de mine à la fosse Ernest (*).

« Deux ouvriers mineurs étaient occupés à la taille de (*) La fosse Ernest se trouvait à Saint-Vaast, à i00 mètres de

IWussite; elle était en exploitation depuis 1826.