Annales des Mines (1891, série 8, volume 20) [Image 313]

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REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

produire, et il est étonnant que les acheteurs n'aient pas depuis longtemps exigé un renseignement aussi important pour des engins souvent fort chers. Il faudrait distinguer pour cela le dégrossissage et le finissage. Le travail de dégrossissage a pour mesure le poids de métal coupé en une heure.; pour l'essai, le métal aurait une qualité déterminée : ce serait par exemple du fer ou de l'acier doux, et la forme de la pièce serait simple pour ne créer aucune difficulté spéciale. Bien entendu le constructeur pourrait employer ou exiger les meilleurs outils et les meilleurs ouvriers ; c'est ainsi que dans l'essai d'une machine à vapeur, garantie ne consommer qu'un certain poids de combustible, on fait usage d'une qualité déterminée de houille et la conduite du feu est confiée à de bons chauffeurs. Le travail de .finissage est caractérisé par la précision des pièces qu'on veut obtenir : par exemple un

cylindre exécuté sur un tour ne devra présenter qu'un écart maximum (d'une fraction de millimètre) entre deux

diamètres perpendiculaires et entre les diamètres aux divers points de la longueur. Si le constructeur garantissait d'une part le poids des

DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

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bien déterminer, par observation directe, le travail produit par une machine donnée d'un atelier donné ; mais cette observation n'apprend pas si la même machine ne produit pas beaucoup plus dans un autre atelier. Chaque chef d'atelier 'est disposé à penser qu'il emploie son outillage de la meilleure manière possible ; mais les différences considérables qu'on peut remarquer d'un établissement à un autre nous prouvent qu'ils se font souvent illusion à cet égard. Pour les machines à vapeur, tous les ingénieurs savent quelle doit être à peu près la consommation normale d'un moteur de puissance déterminée, installé dans de bonnes conditions, et ils reconnaissent sans peine les cas où la consommation est exagérée ; rien au contraire, sauf une étude personnelle longue et minutieuse, ne nous apprend si la production d'une machine-outil est insuffisante. La longue pratique des ateliers donne bien quelques idées à ce sujet, mais ces idées sont trop souvent étroites et routinières. CHAPITRE XV

copeaux que peut donner à l'heure une machine, et d'autre part le degré d'exactitude des pièces finies, on

APPAREILS D'ESSAI ET DE MESURE.

aurait un élément d'appréciation sérieux et l'on pourrait choisir à bon escient entre les divers types analogues. Pour qu'un outil coupe beaucoup de métal, ou pour

Les machines d'essai des matières employées dans la construction sont d'un usage de plus en plus étendu, soit qu'on soumette à une certaine charge d'épreuve,

qu'il exécute un travail très précis, il faut du reste à peu près les mêmes dispositions : les organes de la

avant d'en faire usage, les pièces telles que les chaînes, les barres de ponts articulés (aux États-Unis), soit qu'on

machine doivent être en état de bien résister aux efforts

détermine la résistance et l'allongement d'une éprou-

de flexion.

vette découpée dans le métal et tirée jusqu'à rupture. Les machines d'essai à la traction comprennent deux parties bien distinctes, les organes qui produisent la pression et ceux qui la mesurent.

Cette manière rationnelle d'opérer aurait en outre le précieux avantage de faire connaître le rendement normal des divers types de machines-outils ; on peut dire, si étrange que cela paraisse, qu'aujourd'hui ce rendement est à peu près inconnu d'une manière générale. On peut

La traction est produite, soit par un train d'engrenages commandés à bras d'hommes ou par transmission,