Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 168]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

les applications techniques de la géologie, qui ne ren-

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

trent pas strictement dans l'exploitation des mines. L'occasion était bonne, en vérité, de faire profiter les élèves

miner quelque chapitre. Dans une matière aussi neuve, ou il n'y avait pour ainsi dire pas de modèles, il ne pouvait se résoudre à encourir le reproche d'être incomplet ou inexact. Le livre qu'il a laissé sur l'or, rédigé en collaboration avec M. Cumenge, dit assez avec quels détails il entendait que chaque partie fût traitée. Or il n'avait pas seulement à. parler des métaux; il fallait encore envisager tous les gisements minéraux, depuis le diamant jusqu'aux phosphates et aux pierres les plus vulgaires. Àussi, malgré l'insistance que mettait le savant directeur de l'École des mines à combattre ce souci exagéré de la perfection, Fuchs n'a-t-il rédigé de son cours que des

du trésor des informations que Fuchs avait recueillies

sur place, dans ses voyages à travers tant de pays. Mieux qu'un autre, il était en mesure de dire comment on devait s'y prendre pour définir l'allure des gisements nouveaux, cette tâche qui s'impose si souvent aux ingé-

nieurs appelés à l'étranger. Mieux qu'un autre aussi, grâce à la tournure systématique de son esprit, il pouvait, de ses observations multiples, tirer des vues générales et *au besoin des théories, qui avaient au moins ce mérite, de guider les chercheurs en leur fournissant

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quelque idée directrice. Enfin ses relations avec l'industrie devaient faire de lui, pour les élèves externes, un patron aussi autorisé que dévoué. Aussi, le 9 juin, Fuchs, déchargé de ses leçons de géométrie descriptive aux cours préparatoires, prenait-il définitivement possession de la nouvelle chaire, dite d'abord d'agriculture et de géologie technique, puis exclusivement affectée à

chapitres isolés. Mais nous savons que son successeur (*),

cette dernière spécialité. Pendant dix ans il a tenu cet enseignement, amassant toujours des matériaux en vue de la publication du cours qu'il avait eu la bonne fortune de créer. Malheureusement, avec sa vie si remplie, le temps lui faisait défaut

rait manquer d'être apprécié.

pour une mise en oeuvre définitive. Ce n'est pas qu'il répugnât le moins du monde aux exercices de rédaction; témoin sa correspondance, remplie des plus fins aperçus, délicatement exprimés, et les publications qu'il a faites, toutes d'une élégance et d'une correction irréprochables. Ce qui lui pesait, c'était le genre de sacrifice que nécessite l'exposition didactique; comprimer le développement

de sa pensée lui était aussi antipathique que de vivre enfermé, sans pouvoir dilater librement ses poumons. Et puis un scrupule l'arrêtait toujours, au moment de ter-

libéralement mis en possession de l'immense masse de documents, de cartes et de précieux dessins que Fuchs avait accumulée, se fera un point d'honneur d'en mener

à bien la publication définitive, avec la certitude de rendre ainsi, à la mémoire de son devancier, un hommage

mérité, et, à tous les ingénieurs, un service qui ne sauLe nouveau cours dont Fuchs venait de se charger ne pouvait que le confirmer dans sa résolution de voir le plus de choses possible par ses propres yeux. Son activité de voyageur ne se ralentit donc pas. En 1879, il se rend, à deux reprises, dans le Morbihan, à La Villeder, pour y donner son avis sur les filons d'étain, dont on se Proposait de reprendre l'exploitation longtemps abandonnée. Après quoi on le retrouve successivement à Cacérès, en Algérie, en Sardaigne, enfin en Autriche. C'est encore La Villeder et l'Espagne qui l'occupent en 1880, concurremment avec une étude, suivie de rapport, sur le projet de canal des Deux-Mers. Pendant ce temps, son service géologique le réclame de temps à autre dans le

  • ) M. de Launay.

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