Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 82]

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NOTES DIVERSES.

114 EMPLOI DES EXPLOSIFS DANS LES MINES A GRISOU.

janvier 1889). Ces expériences ont été faites en juin dernier à la fabrique d'explosifs que la Dynamit-Action Gesellschaft possède à Schlesbuch, près Cologne. Elles avaient pour but principal de montrer la sécurit6 que procure un explosif auquel on donne le nom de grisoutite (wetterdynamit), mais dont on ne donne pas la composition. On peut cependant le supposer identique à

la wetterdynamit de la Commission prussienne, c'està-dire composé de 40 p. 100 de carbonate de soude cristallisé et 60 p. 100 de dynamite.

L'explosif était placé dans un trou percé au milieu d'un bloc d'acier; au-dessus de ce bloc était disposé un cylindre en tôle assez épaisse, ayant 1111,50 de hauteur t,

et 1111,20 de diamètre, dont un joint hydraulique étanche fermait la partie inférieure; l'orifice supérieur était

fermé, au moment de chaque expérience, par une toile vernie ou paraffinée, serrée sur le rebord du cylindre par un fort cordon en caoutchouc. Le cylindre était muni de portes et de regards fermés avec des plaques de mica. L'explosif étant placé dans le trou, on achevait de remplir celui-ci avec des poussières de houille (ce qui, contrairement à l'intention des observateurs, augmentait beaucoup la sécurité); on introduisait le gaz, on le m& langeait à l'air avec une sorte d'agitateur à ailettes en carton, que l'on pouvait tourner du dehors ; on chauffait ce gaz à une température connue en faisant passer de la .vapeur dans un petit serpentin formé de trois à quatre spires placées au fond du cylindre. Ces opérations achevées, on faisait partir l'explosif par l'électricité, en notant, par les regards, l'effet produit. La grisoutite avait résisté victorieusement à toutes les épreuves avec des charges de 250 grammes, lorsque, la température dans l'intérieur étant montée accidentellement à 34°, la détonation de la charge de 250 grammes (placée sans bourrage dans le trou) alluma le gaz. Dans

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deux expériences suivantes, la température fut maintenue

à 30°, et il n'y eut pas inflammation du gaz ; on porta alors de nouveau la température à 35°, et l'inflammation du gaz se produisit encore. Le lendemain, on plaça au-dessus de la charge 12 cen-

timètres cubes de carbonate de soude cristallisée, on acheva de bourrer avec des poussières de houille, et l'inflammation ne se produisit plus, même à la température de 35°.

Une grisoutite, dans laquelle on augmenta la proportion de carbonate de soude, n'enflamma pas non plus le gaz, avec une charge de 200 grammes seulement, il est. vrai, au lieu de 250 grammes. Ces expériences, dans lesquelles on ne donne point la composition de ce qu'on appelle la grisoutite, seraient par elles-mêmes sans intérêt, si elles ne démontraient que vers 35° la décomposition du carbonate de soude hydraté modifie complètement les propriétés des mélanges de dynamite et de carbonate de soude, et peut supprimer plus ou moins complètement la sécurité qu'on en attend. 4° Résumé.

Les expériences que nous venons de faire connaître confirment les conclusions de la Commission française des explosifs, en ce qui regarde le danger que peuvent présenter, surtout avec un bourrage nul ou insuffisant, les explosifs brisants tels que la dynamite, la dynamite-

gélatine et la dynamite-gomme. Les premières séries d'expériences de la Commission prussienne, qui avaient amené celle-ci à formuler des conclusions tout à fait contraires, sont formellement infirmées, et les résultats obtenus dans ces recherches restent inexpliqués. Ni en Prusse, ni en Autriche, les observateurs ne pa-