Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 317]

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NOTICE HISTORIQUE.

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

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des cours préparatoires qui auraient été faits par les jeunes ingénieurs des mines en résidence à Paris. Cette idée était assez naturellement indiquée par la pratique

çons) (*). Rivot (**), qui était encore élève de troisième année, fut chargé des leçons de chimie générale sous la

suivie par plusieurs élèves qui entraient d'abord à l'École en tant qu'autorisés, puis, après une ou deux années de préparation en cette qualité, devenaient à la suite des examens d'admission élèves externes admis régulièrement à tous les exercices et susceptibles d'être diplômés. L'administration supérieure refusa tout d'abord d'entrer dans cette voie et suggéra l'idée d'élever suffisamment le programme des connaissances exigées pour l'admission aux places d'élèves externes. Le conseil fit observer que cette mesure n'aurait pour effet que de créer une prime en faveur des élèves démissionnaires de l'École polytechnique ; qu'on écarterait de l'École des mines les fils d'industriels qui y viennent chercher l'enseignement spécial dont ils

1838, étant encore élève à l'École des mines, il devint, à partir

ont besoin pour pouvoir un jour diriger les établissements de leur famille. L'administration finit par se rendre à ces excellentes raisons, lorsqu'après l'achèvement des nouveaux laboratoires le nombre des élèves externes

put être et fut notablement augmenté ; par décision du 10 novembre 1844, fut enfin créée l'institution des' cours préparatoires, qui commença assez modestement d'abord, pour prendre bientôt l'organisation définitive qu'elle a conservée depuis.

Delaunay (*) fut d'abord seul chargé de faire des le-. çons d'analyse et mécanique rationnelle (30 leçons), de géométrie descriptive (10 leçons) et de physique (10 le(*) Delaunay, né le 9 avril 1816, à Lusigny (Aube), a péri misérablement, en rade de Cherbourg, le 4 août 1872. En 1850 il quitta définitivement le service de l'administratio

des mines pour ne plus s'occuper que du haut enseignement

dans lequel il devait se créer une si haute et si légitime renommée.

Après avoir suppléé Biot à la Sorbone, de 1841 à 1848, il y fut nommé professeur titulaire du cours de mécanique physique. A l'École polytechnique, où il avait été répétiteur-adjoint dès

de 1851, professeur de mécanique.

Il était entré à l'Institut en 1855, au bureau des longitudes en

1862, et il fut directeur de l'Observatoire en 1870.

(*) Un peu plus tard, à raison de la peine qu'avaient les élèves à suivre les leçons d'analyse, Delaunay, avec l'assentiment du conseil, fit des leçons de mécanique appliquée qui rappelaient son classique Traité de mécanique élémentaire. ("*) Rivot, né le 12 octobre 1820, mort ingénieur en chef le 24 février 1869, est un des professeurs qui n'ont jamais quitté l'École. Nous le voyons, en 1844, professer aux cours préparaMires, étant encore élève. En 1815, il prend la direction effective du bureau d'essais dès sa création et, en 1853, il succède à Ebelmen dans la chaire de docimasie. L'ceuvre publiée par Rivot a été considérable; en dehors de nombreux mémoires, dont plusieurs fort étendus et fort importants, insérés principalement dans les Annales des mines, il a laissé son Traité de docimasie en 4 volumes, et 2 volumes sur le Traitement des substances minérales. Doué d'une mémoire étonnante, d'une puissance et d'une continuité de travail prodigieuses, Rivot attrait pu professer tous les cours de l'Ecole avec la facilité légendaire qu'il mettait à enseigner la docimasie sans un chiffre mis sur une note pour les besoins de la leçon. Il prouva bien ces aptitudes universelles en suppléant volontairement Piot dans sa chaire de métallurgie. Ses mémoires sur les filons de Vialas, si remarqués en leur temps, montrent ce qu'il pouvait et savait faire comme géologue. Comme chimiste il a poursuivi la précision dans l'analyse par des méthodes nouvelles, patiemment recherchées et comparées entre elles, avec un désir d'exactitude qui n'avait d'égal que son scepticisme sur les résultats obtenus par lui-même. Peu d'ingénieurs et de professeurs ont joui de leur vivant d'une pareille auréole de popularité, surtout auprès des élèves et des jeunes ingénieurs. Tout ce qu'il produisait devenait aisément légendaire. Qui ne se rappelle, après les mémoires sur Vialas, parus en 1862, la légende de l'heure V que tout le monde recherchait du Rhône à la Garenne? Peut-être aujourd'hui une réaction s'est faite en sens inverse. De même que l'heure V a montré ses défaillances, et à Rivot lui-même, de même on s'est demandé si son enseignement chimique ne contenait pas plus de faits que de méthode, si ses procédés d'analyse, pour atteindre une exactitude intangible, n'entraînaient pas dans des lenteurs inutiles et des manipulations incommodes. Tome XV, 1889.

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