Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 49]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

EXPLOSION DE 22 CHAUDIÈRES A VAPEUR

AUX HAUTS FOURNEAUX DE FRIEDENSHÜTTE.

chaudières, ont amené leur destruction. Ces dernières à

semble les phénomènes complexes que présente une explosion aussi considérable que celle dont nous nous occupons. Il nous serait donc impossible d'indiquer les raisons pour lesquelles chaque chaudière, prise individuellement,

56

leur tour, en faisant explosion, ont produit le même effet sur les chaudières voisines, et l'accident s'est ainsi étendu de proche en proche jusqu'aux deux extrémités de la batterie, sans même que sa propagation ait pu être arrêtée par les chaudières qui n'étaient pas en service. Cette explication si simple et si naturelle, uniquement basée sur des faits réels et indiscutables, conduit à rejeter sans hésitation l'hypothèse de l'intervention des gaz explosibles. Elle est d'ailleurs en parfait accord avec les résultats de l'enquête de l'association silésienne et avec l'état des lieux après l'accident, ainsi que nous allons le démontrer. L'explosion ne s'étant pas produite d'un seul coup mais ayant atteint successivement les diverses chaudiè-

res, sa durée a été d'une minute environ, et elle s'est traduite par les trois ou quatre détonations qui ont été entendues par le personnel de l'usine, subitement réveillé au milieu de la nuit.

Les rivures transversales , préalablement altérées, étaient des lignes de moindre résistance ; les arrachements se sont donc faits de préférence le long de ces .rivures, et il y a eu relativement peu de déchirures en pleine tôle ; les fragments étaient en général formés d'une ou de plusieurs viroles ; un petit nombre seulement

s'étaient développés, mais cette circonstance n'exclut pas l'explosion par cause intérieure, qui est d'ailleurs accusée par l'apparence des débris de la chaudière n° 15 et de quelques morceaux déroulés des chaudières n°' 2, 6 et 7,

En retombant sur le sol ou en se heurtant contre les bâtiments, les fragments cylindriques des chaudières se sont déchirés, rompus et aplatis ; ils se sont ainsi déformés de l'extérieur vers l'intérieur, c'est-à-dire que les bords de leurs cassures se sont repliés vers le dedans, et que leurs bosses ont pris leur convexité du même côté. On ne peut évidemment expliquer que dans leur en-

a été projetée dans telle ou telle direction; quelquesunes ont échappé à la règle générale qui semble avoir présidé à la destruction des autres ; mais, en gros, voici ce qui a dû se passer. Les rivures circulaires situées à la partie antérieure et inférieure des corps principaux, c'est-à-dire près des foyers, étant les plus fatiguées, ont dû céder les premières à l'action des chocs latéraux et de la secousse résultant de l'arrachement de la conduite générale de vapeur. Cela étant, les corps cylindriques des générateurs du milieu de la batterie, depuis le n° 6 jusqu'au

n° 14, se sont soulevés à l'avant, en se détachant de leurs bouilleurs qui étaient retenus par la maçonnerie environnante. Les communications ont peu résisté, à cause de la qualité médiocre du métal qui les Constituait. Les fonds antérieurs et les premières viroles des corps principaux ont alors été librement projetés dans l'espace sous un certain angle , dans la direction des hauts fourneaux, tandis que leurs parties postérieures allaient écraser la sole des générateurs et démolir la conduite générale de fumée en rapprochant son mur d'avant de son mur d'arrière. On a remarqué qu'a proximité de la gaine de fumée, le terrain avait subi une compres-

sion énergique qui lui avait donné une pente sensible vers les cheminées (Y. Pl. I, fig. 5). On n'a pas retrouvé les dernières viroles ni les fonds postérieurs des chaudières ri°' 8, 9, 10, 13 et 15, qui ont sans doute été déplacés vers l'arrière. Les trajectoires

de ces pièces, si on avait pu les tracer, auraient peutêtre modifié l'apparence en éventail de l'éparpillement des débris de l'explosion; mais en admettant qu'il en fût autrement, cette disposition se justifie d'une façon tout à