Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 156]

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COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES.

chauds et orageux, doit jouer le rôle prépondérant, est possible que le retard à l'inflammabilité du grisou soit diminué par l'augmentation de la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air. On sait, en effet, et un chimiste anglais, M. Dixon, a particulièrement mis en lumière ce phénomène, que l'oxyde de carbone ne se combine pas

avec l'oxygène sous l'influence de l'étincelle électrique, lorsque les gaz sont parfaitement secs. Un fait analogue pour les mélanges grisouteux aurait une grande importance pour les mines où l'air est le plus souvent saturé d'humidité. Des expériences de laboratoire

qui se poursuivent actuellement, mais qui ne sont pas encore terminées, pourront seules faire le jour sur cette question.

Pour résumer cette première partie de Résumé. nos recherches, nous pouvons dire, sans entrer de nouveau dans le détail des expériences, qu'elles démontrent qu'on peut, en mêlant certaines substances à des explosifs dont la détonation allume le grisou, abaisser assez la température de cette détonation pour que les gaz qui en résultent n'allument pas, au moins dans les conditions ordinaires, les mélanges grisouteux au milieu desquels ils

détonent librement. Parmi les mélanges expérimentés par la Commission, ceux qui paraissent les plus dignes d'examen sont 1° La poudre pyroxylée du Moulin-Blanc, qui cependant, dans des circonstances peut-être un peu exceptionnelles, a allumé deux fois le grisou, le nombre total des essais étant de 19; 2° Le mélange de 20 de coton-poudre peu nitré avec 80 d'azotate d'ammoniaque, dont la température théorique d'inflammation est de 1.920 avec f=_-. 7.550, qui n'a pas donné d'inflammation dans sept essais ; 3° Le mélange de 20 de dynamite et de 80 d'azotate

EMPLOI DES EXPLOSIFS EN PRE.SENCE DU GRISOU. 961

dont la température théorique d'inflammation est de 1.500°

qui n'a pas donné d'inflammation du gaz, dans deux essais .seulement, il est vrai; avec f--=.6.260,

4° La bellite, dont la composition n'est pas connue avec certitude, dont la détonation, difficile à l'air libre, n'est pas complète, même avec 3er de fulminate, et qui, dans ces dernières conditions, n'a été l'objet que de trois essais qui n'ont d'ailleurs pas allumé le grisou. Avec la composition annoncée par l'inventeur, la température de détonation serait théoriquement 2.186° avec 2.993hg.

5° Enfin l'explosif Favier, dont la température théorique de détonation est de 2.120°, qui ne paraît point détoner à l'air libre, même sous de fortes charges de fulminate; dont l'aptitude à la détonation dans les conditions pratiques d'emploi est mal connue ; dont le détonateur intermédiaire tel qu'il a été proposé par l'inven-

teur, devrait être supprimé, et qui, réduit il est vrai à l'état de poudre fine, a allumé une fois le mélange gazeux.

Les essais faits avec la bellite et avec l'explosif Favier ne peuvent être considérés comme terminés. On a cru devoir mentionner ici ces deux explosifs parce que les expériences déjà faites ne leur paraissent pas défavorables et qu'ils semblent théoriquement rentrer dans la catégorie des substances incapables d'allumer les mélanges grisouteux.

La substance qui paraît la plus convenable pour atténuer la température de détonation des explosifs tels que la dynamite

et le coton-poudre est l'azotate d'ammo-

niaque. Les autres substances que l'on peut mélanger à l'explosif, telles

que le carbonate de soude hydraté, le

sulfate de soude hydraté, l'alun d'ammoniaque, le chlorhydrate d'ammoniaque, ne sont décomposés que très Tome XIV, 1888.

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