Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 305]

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jonction avec le Paropamise. Ce bord sud présente, sur de vastes étendues, des venues trachytiques en relation avec des roches tertiaires, parmi lesquelles la formation salifère persique joue un rôle prépondérant. La roche éruptive dont les fentes contiennent la turquoise ne semble pas percer directement la formation salifère, mais avoir dans son voisinage immédiat, ainsi que le rapporte Schindler, des calcaires nummulitiques. De toute fa-

çon, c'est toujours une formation tertiaire, ce qui autorise à supposer que la roche éruptive en question est bien un trachyte. Notons ici une particularité intéressante; le trachyte de Perse, ainsi qu'on peut le voir par places à l'oeil nu, et ainsi, d'ailleurs, qu'il résulte de recherches faites sur des échantillons rapportés de Perse par M. Tietze, contient souvent de l'apatite. Cette circonstance permettrait d'expliquer la présence, dans ce trachyte, d'un phosphate tel que la turquoise ; celle-ci pourrait n'être autre chose qu'un produit d'altération de l'apatite. D'après les explications précédentes, on voit que le gîte de .Nichapour serait analogue à celui de la vallée de Mégara, au Sinaï, où l'on a trouvé la turquoise avec un oxyde de fer écailleux dans les fissures d'un porphyre. Ce serait une formation toute différente de celle, moins importante, qu'on a rencontrée dans les schistes siliceux de Silésie, d'abord à Jordansmühle, puis, non loin de là, à Doinsdorf (*). Dans ce dernier endroit, la turquoise se trouve en petites boules se suivant les unes les autres en forme de chapelet, dans des fentes que présentent les schistes siliceux. Parfois ces chapelets se distribuent en rayons partant d'un centre commun, et offrent l'aspect d'une mousse. 11 peut alors arriver qu'ils recouvrent des cristaux de quartz enfumé, formant ainsi sur ces cristaux une sorte de petite forêt moussue.

Description des mines dé Nichapour.

Ainsi

que nous l'avons déjà dit, le trachyte est en relation avec des couches tertiaires: ce sont des calcaires nummulitiques et des grès, reposant sur des terrains argileux et renfermant d'immenses couches de gypse et de sel gemme. Il y a une importante mine de sel à 9k-,6 à l'est de Maden, près du petit village de Karakhouch ; la couche, en certains endroits, a une puissance de 400 pieds; le sel y est très blanc, (*) Neue Vorkommen von Calait in Sehlesien, von E. F. Glocker, dans les Annales de physique et de chimie de Poggendorf, 1845, t. LXIV, p. 633.

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très limpide; mais, si l'on considère l'ensemble des mines, il est plutôt gris, et parfois presque noir. L'exploitation a lieu par la méthode des chambres; en moyenne, l'extraction annuelle de toutes les mines de sel du district s'élève à 750 tonnes. Signalons aussi une carrière de pierres meulières, à 65m,4 au sud de Maden, sur le flanc nord des monts Batau. On extrait en moyenne par an, d'un grès très grossier qui se trouve sous la formation nummulitique, 20 à 30 paires de meules, que l'on vend 6 tomans (*) la paire. Quant aux mines de turquoises, elles sont de deux sortes 1° Mines proprement dites, qui renferment des puits et des galeries creusés dans le roc ; 2' Mines « Khagi », qui existent à la surface du sol et correspondent au minerai d'alluvion. Elles sont nombreuses : d'après Mines proprement dites. Schindler, il y avait, en 1876, 266 puits en activité. Plusieurs de ces mines sont vastes et atteignent une profondeur de 100 à 150 pieds; mais toutes sont mal entretenues ; il se produit des éboulements fréquents, dus à ce. que le roc est partout fouillé sans méthode. La mine qui se trouve le plus à l'est et, suivant tous les avis, la plus ancienne, est celle d'Abd-our-Rezagi, autrefois appelée Abou-Ishagi; elle est fort étendue et a une profondeur verticale cle 160 pieds. Dans ces dernières années, on en a extrait fort peu de turquoises, mais elles sont plus estimées que celles de toutes les autres mines. Dans la même vallée sont les mines de Sourkli, Châperdar, Aghali, qui sont abandonnées aujourd'hui. En allant de l'est à l'ouest, la première vallée qu'on rencontre ensuite est la Dèrè-i-Séfid (vallée blanche), avec les antiques mines de Maleki, Zaki haute et basse, et Mirza Ahmed; elles sont immenses, mais presque entièrement comblées. Dans le « bas Zaki», il existe encore un puits de 60 pieds de profondeur et de 250 pieds de circonférence. Autrefois, le travail était fort bien dirigé; on creusait dans le roc des puits verticaux pour éclairer et aérer la mine, tandis qu'on y entrait par des galeries latérales creusées dans le flanc de la montagne. C'est à l'époque où la dynastie Séfévie touchait à sa fin qu'elles furent négligées et laissées aux habitants du village, ou peut-être affermées comme maintenant. Les fermiers de ce temps-là, ne pensant qu'a tirer un rapide revenu de leur argent, taillaient dans le roc partout (*) Le toman vaut environ 11 francs.