Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 239]

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MÉMOIRE SUR LES SOURCES MINÉRALES

voir susdits sont changés depuis 20 à 30 ans et ne se trouve conforme à celle qu'en donne le médecin Auberi, intendant desdites eaux en son livre imprimé l'an 1604.» Cependant les textes de Nicolay et de Jean Banc comparés à celui de Dubuisson que nous allons donner montrent que les dispositions principales du captage de 1641 (qui subsistait encore seul il y a cinq ans) (*) existaient

déjà longtemps auparavant, peut-être dès l'époque romaine; en particulier, ces trois curieux puits juxtaposés qui servent d'orifices à la chambre où est captée la source :

« Les bains, dit Dubuisson, sont comme au pied du coteau euroaustral du bourg, vous y voyez une plateforme de pierre de taille dure de quatre toises et demie environ de long et de deux et demie de large du milieu de laquelle sortent trois sources ou trois puits qui se joignent d'égale largeur et fabrique. Ils avaient ci-devant leur orifice au ras de la plate-forme et y avait des barres ou grilles de fer sur lesdits orifices, mais on marchait dessus et y tombait-il beaucoup d'ordures, on a donc, dans cet hiver dernier 1645, fait hausser leurs margelles qui se tiennent l'une l'autre, toutes trois en droite ligne, d'environ deux pieds au-dessus de ladite plate-forme faites de la même pierre de taille ou grès dont est leur muraille intérieure et celle de ladite plate forme. Ils ont d'eau environ 8 pieds de profondeur comme je les ai fait mesurer et que le porte aussi la tradition populaire qui dit qu'ils sont creux de la hauteur d'un homme et demi. Au-dessus de l'eau, ils ont encore 5 pieds en plus de hauteur de margelle, de qui le diamètre est aussi de plus de 5 pieds de largeur... « ... Le grand bain a 5 pieds et une toise de longueur et de largeur environ deux toises et demie, de profondeur 3 pieds environ... » () Voir Pl. IX, fig. 2 et 3.

DE BOURBONL'ARCIIAMBAULT.

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En terminant, Dubuisson Aubenay nous apprend que, depuis Jean Aubry, le bain, qui était le mode de traitement employé depuis les Romains « car Bourbon est marqué par un lavoir ou cuve en la table itinéraire » et qui aujourd'hui également est redevenu à peu près seul

en usage, avait été remplacé par la boisson. Les lettres de Mme de Sévigné et de Boileau, dont nous dirons un mot plus loin, sont pleines en effet de l'effrayante énumération des verres d'eaux qu'on était forcé d'y boire. La fortune de Bourbon fut grande au XVIe et au XVII' siè-

cle. C'était alors un défilé de tous les principaux personnages de la cour : Catherine de Médicis, puis Gaston d'Orléans, Louis XIV lui-même et, à sa suite, tous ceux qui se piquaient d'obéir à la mode. Mn" de Maintenon y amena le jeune enfant de Mme de Montespan ; Boileau y vint soigner un mutisme subit dont il avait été frappé à la suite d'une laryngite ; Mme de Sévigné une paralysie locale causée par des rhumatismes ; M' de Montespan s'y fixa dans les dernières années de sa vie et y mourut. A cette époque, Vichy n'était qu'une humble bourgade très éloignée de ses sources, mal installée et sans hôtel. Les médecins envoyaient guérir à Bourbon les maladies les plus diverses (*) Les correspondances du temps renferment une foule de curieux détails sur les traitements qui y étaient alors en usage. Au point de vue spécial qui nous occupe, nous ne trouvons la trace que de peu de travaux aux sources. En 1697 pourtant, M. de Turmenges de Nointel., intendant, dans un rapport sur la généralité de Moulins (**), (C) Voir à ce sujet un intéressant travail de M. le docteur G. Périer, Bourbon-l'Archambault sous Louis XIV; Paris, Ad. Delahaye, 1873; et les Médecins du temps de Molière, par le docteur Maurice Reynaud. (") Rapport de M. de Turmenges de Nointel, intendant, sur la

généralité de Moulins, en 1697 (Manuscrit à la bibliothèque de

Moulins). Cf. Revue bourbonnaise, du 15 juillet 1885. Tome XII!, 1888.