Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 259]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

importante la portée philosophique de ses travaux sur la classification des corps simples. Il nous a paru d'autant

plus nécessaire de faire ressortir cette partie de son uvre que, née tout entière de l'observation des faits géologiques, elle en tire une valeur toute spéciale pour les géologues qui peuvent être fiers de revendiquer une découverte dont le monopole est généralement attribué aux seuls chimistes.

Les mêmes principes qui conduisirent, en chimie, M. de Chancourtois à la découverte de sa Vis tellurique, l'amenèrent, en physique, à des vues originales et tout à fait nouvelles sur le lidle et l'emploi des Imaginaires. Il

carte, au préalable, la représentation habituelle des Imaginaires sur un même plan que les quantités réelles.

Il dispose, au contraire, ces deux ordres de quantités dans l'espace, suivant deux directions à angle droit, c'est-à-dire suivant un plan et sa normale, et il entreprend de justifier ce mode nouveau de représentation par des exemples tirés de la géométrie et de la mécanique. En physique, la distinction tranchée entre les phénomè-

nes dus à la Pesanteur ou à la Force gravifique et ceux de la Chaleur, de la Lumière et de l'Électricité lui fait supposer et même essayer de démontrer que les mouvements dont ces deux ordres des phénomènes dépendent et qui peuvent se transformer, comme l'on sait, les uns dans les autres doivent être représentés, dans les calculs, les premiers par des quantités réelles et les seconds par des quantités imaginaires. On ne peut que regretter que M. de Chancourtois n'ait pas donné une suite à ces idées, en les appuyant sur quelques démonstrations particulières tirées des faits, sa démonstration générale paraissant trop inductive pour entraîner pleinement la conviction dans l'esprit du lecteur. La dernière partie de la carrière scientifique de M. de

SUR M. DE CHANCOURTOIS.

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Chancourtois , à côté de son cours à l'École des mines,

fut presque entièrement consacrée à ses grands Travaux d'unilication des sciences géographiques et géologiques.

Lors de la création et pendant les premières années

d'existence du service de la carte géologique détaillée de la France, M. de Chancourtois s'était déjà vu aux prises avec les difficultés qui résultent, pour la Géologie, de l'insuffisance des cartes topographiques. Même notre belle carte de l'État-Major au 80.000e, malgré les vues

d'ensemble qui ont présidé à sa confection, est loin de réaliser encore toutes les conditions désirables, tant au point de vue de l'échelle qu'à celui de la représentation orographique. Plus tard, lorsque M. de Chancourtois, ayant été relevé de ses fonctions de Sous-Directeur du service de la carte géologique, put reprendre ses travaux sur les alignements géologiques et les accidents du relief, il fut encore plus frappé de la nécessité d'arriver, pour la Cartographie terrestre, à un système complet et bien ordonné, et il dirigea tous ses efforts vers ce but.

Les réponses aux différentes questions soulevées en vue de la réalisation d'un tel programme se trouvent dans de nombreuses notes, dans divers mémoires insérés aux Comptes rendus de l' Académie des sciences et finalement dans un ouvrage qui résume tout le système et qui fut publié, en 1884, à l'occasion (ln congrès de Washington, chargé de résoudre la question du Méridien international et de l'heure universelle. En outre, M. de Chancourtois, dans plusieurs conférences faites, soit à la Société de géographie, soit au Congrès des sciences géographiques en 1875, soit au Congrès de géologie, soit enfin dans des Conférences internationales instituées à l'Exposition de 1878, ne négligea aucun effort pour répandre ses idées et créer un mouvement d'opinion en leur faveur. Le problème, dans toute sa généralité, comporte les deux parties suivantes :