Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 191]

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RECHERCHES EXPÉRIMENTALES

donna, en 1813, dans une note de quelques lignes insérée aux Annales des mines (*), l'analyse des calcaires et de la chaux de Senonches et fit observer, à cette occasion, que la silice de la chaux était soluble dans les acides, tandis que celle du calcaire ne l'était pas, ce qui montrait que pendant la cuisson il y avait combinaison de la silice et de la chaux. Il attribuait au composé ainsi produit les propriétés hydrauliques de la chaux. C'est quelques années plus tard, en 1818, que Vicat (**) donna son premier mémoire sur les chaux hydrauliques. On sait que c'est à cet ingénieur qu'appartient de beaucoup la plus grande part dans le développement de nos connaissances théoriques et expérimentales sur les mortiers. Secondé par l'intelligente protection de M. Becquey, directeur général des ponts et chaussées et des mines, il se consacra exclusivement à l'étude de cette importante question et réussit à établir la constitution générale des chaux et des ciments hydrauliques, à définir les conditions les plus favorables à leur fabrication et leur emploi ; aussi est-il considéré, à juste titre, comme le créateur de

cette industrie qui ne tarda pas à se répandre de- la

France dans l'Europe entière. Reprenant l'observation de Smeaton, il montra par de nombreuses analyses que toutes les chaux hydrauliques provenaient de calcaires argileux, et que réciproquement tous les calcaires renfermant une proportion convenable d'argile pouvaient servir à la fabrication de chaux hydrauliques. Enfin, il réussit à obtenir des produits hydrau-

liques artificiels en cuisant des mélanges de chaux et d'argile préparés à l'avance. Il démontra ainsi d'une façon absolue que les propriétés hydrauliques de chaux étaient dues exclusivement à la présence de l'argile, et réduisit (*) Ann. des mines, 1813, t. XXXIV, p. 308. (**) Recherches expérimentales ,sur les mortiers en 4818.

SUR LA CONSTITUTION DES MORTIERS.

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à néant la théorie de Bergmann sur le rôle de l'oxyde de manganèse, théorie qui avait toujours la vogue malgré

les nombreux démentis qu'elle avait reçus de l'expérience.

Généralisant l'observation de Collet-Descotils, il montra que les éléments de l'argile formaient avec la chaux des combinaisons qui jouissaient seules de propriétés hydrauliques. Enfin, il reconnut, par de nombreuses expériences analytiques et synthétiques, que des deux éléments de l'argile, la silice jouait le rôle prépondérant, sinon exclusif, dans le durcissement des mortiers. Toutes ces conclusions ont été pleinement confirmées par les recherches postérieures, et même il n'y a pas été ajouté grand'chose. Ces résultats, tout incomplets qu'ils soient, résument encore à bien peu de chose près tout ce que nous savons sur la constitution des mortiers hydrauliques.

Aussitôt la publication des recherches de Vicat, Berthier (*) répéta, avec la précision qui lui était habituelle, la plupart des expériences de son devancier et en con-

firma l'exactitude. Il essaya de plus de déterminer la composition du silicate de chaux qui se formait pendant la cuisson en calcinant au laboratoire des mélanges de

Si et CaO et utilisant la solubilité .de la chaux libre pour la séparer de la chaux combinée à la silice. Cette méthode, qui a été employée depuis à plusieurs reprises, ne peut donner aucun résultat, exact ; elle a conduit à attribuer au silicate de chaux trois formules différentes Berthier Rivot M. Landrin

SiO3, CaO Si0', 3 Ca0 SiO3, 2CaO (**)

(1 A7/72. des mines, 1822, 1" série, t. VIII, p. 483. (**) On reconnaît à première vue dans ces formules l'influence directe de la formule Si Os attribuée autrefois à la silice.