Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 23]

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P. G. F. LE FLAT.

NOTICE BIOGRAPHIQUE.

De son cabinet, Le Play gouvernait jusqu'à /15.000 ouvriers travaillant dans l'Oural sous son invisible direction. Un se-

cond voyage, fait en 1853, lui permit de vérifier par ses propres yeux les résultats de la nouvelle organisation. Ces résultats se traduisaient par une plus-value considérable sur le rendement des mines. J'ai dit plus haut comment Le Play employait en voyages les loisirs que lui laissait, entre les sessions des Chambres, la Statistique de l'Industrie minérale. L'Angleterre fut visitée en 18Ltz ; l'Allemagne du Nord et la Russie en 1844; le Hartz, le Danemark, la Suède et la Norvège en 18/15; la Belgique, l'Autriche, la Hongrie et l'Italie du Nord en 18/16; la Suisse, les Provinces danubiennes et la Turquie centrale en 18/18; l'Auvergne en 185o; l'Angleterre, les Provinces rhénanes, la Westphalie, l'Erzgebirge en 1851 ; l'Autriche et la Russie en 1853. Dans ses nombreux voyages, Le Play se proposait un double but. Il dirigeait ses observations et recueillait ses notes au point de vue technique et au point de vue social, comme ingénieur et comme économiste. D'une part, en effet, il se mettait de longue main en état de remplacer Guényveau dans la chaire de métallurgie, qui devait vaquer en 184o. D'autre part, il préparait, comme emploi de ses dernières années, une prédication

écrite des doctrines propres à enrayer la décadence des populations européennes en général et de la nation française en particulier. Nous aurons plus tard à le suivre sur ce dernier terrain. Je n'ai, pour le moment, à m'occuper que du professeur. Les ingénieurs de ma génération sourient encore au souvenir du cours de métallurgie qui leur était enseigné à l'École, toujours le même depuis plusieurs années. Il était donné à Le Play de le rajeunir dès son début, et, plus tard, de le tenir au courant des progrès faits par la science, tant en France qu'à l'étranger. J'ai sous les yeux, au moment où je trace ces lignes, les trois volumi-

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neux cartons où ont pris place une centaine de leçons rédigées suivant le plan le plus méthodique, illustrées de croquis dessinés et cotés de la main du maître. Je puis suivre dans chacune les modifications subies d'année en année par la rédaction, à la suite d'observations ou de théories nouvelles, et, arrivé au dernier cahier, j'éprouve un véritable sentiment de tristesse à la pensée que ces feuilles,

fruit de tant de labeur, fruit de tant de fatigues, vont, après cette suprême revue, s'ensevelir dans des archives de famille sous la poussière de l'oubli. Nos Annales auront,

du moins, conservé quelques pages de ce vaste et beau manuscrit.

Le tome VII de la 30 série (1835) contient une notice sur la préparation de l'acide sulfurique fumant dans le nord de l'Allemagne.

Dans le tome X (1856), on trouve la description de l'affinage des plombs argentifères par cristallisation, suivant la méthode due à l'ingénieur anglais Pattinson, méthode qui ne remplace point complètement la coupellation, mais qui permet de restreindre dans une proportion considérable la quantité de plomb soumise à cette dispendieuse opération.

Le tome XV (1839) fait connaître une ingénieuse disposition employée avec succès par M. Oeynhausen, conseiller supérieur des mines de l'arrondissement de Bonn, dans un

sondage que le gouvernement prussien exécutait à Neusalzwerk, près de Minden, pour la recherche de sources salées.

Un travail fort remarqué parut dans le tome XIX (18A ) sur le mode d'action du carbone dans la cémentation et sur les réactions caractérisant les fourneaux à courant d'air forcé. Le Play avait déjà saisi de ce sujet l'Académie des sciences, dans sa séance du 18 janvier 1836. Le mémoire-

donné aux Annales eut pour but de compléer les considérations soumises à l'Académie. La condition fondai:nen-