Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 20]

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NOTICE BIOGRAPHIQUE.

ratoire de l'École sous les ordres de Berthier, et la publication des Annales des mines en collaboration avec Dufrénoy. Le séjour de Le Play au laboratoire fut de très courte du«

rée. Berthier, que d'importants travaux avaient justement placé à la tête de la docimasie française, n'était point dis« posé à partager cet honneur avec qui que ce fût. Il craignit bientôt de rencontrer un rival dans son collaborateur, et l'association scientifique entre le professeur et l'élève se rompit d'un commun accord. Il n'en fut point de même aux Annales. Ce recueil, com-

mencé sous le titre de Journal des mines vers la fin de 1794, n'avait été que rarement interrompu ; mais la rédaction en avait sensiblement faibli dans les dernières années, et avait même été suspendue en 1831. Une nouvelle série, la troisième, fut inaugurée en 1852. De notables additions furent apportées aux matières courantes; la gravure des

planches fut plus soignée; d'importants emprunts furent faits aux publications anglaises et allemandes, que le nouveau secrétaire traduisait sans difficulté. Devenu d'adjoint secrétaire en titre, le 7 janvier 1857, Le Play n'en continua

pas moins aux Annales son active collaboration. Il les abandonna en 184o,-quand il fut chargé du cours de métallurgie. La publication des Annales valut au jeune ingénieur une notoriété dont il ne tarda point à recueillir le fruit. A cette époque, la prospérité des mines de plomb rouvertes dans les Sierras de Gador et de Lujar avait attiré sur l'Espagne l'attention du monde industriel, et l'on racontait que de non moins riches filons se montraient aux limites communes de l'Estramadure et de l'Andalousie. Le Play fut chargé de vérifier l'exactitude de ces récits et de donner, chemin faisant, un aperçu géologique et statistique des richesses minérales de la péninsule. Nous avons de sa mission un très intéressant volume, extrait des Annales des mines (3* sé-

P.

G. F. LE PLAY.

rie, tomes V et VI, 1834). Le livre s'ouvre par une rapide description des lieux que l'auteur a parcourus. Arrivé, par les voies les plus accélérées de l'époque, de Paris à Madrid et de Madrid à Almaras sur le Tage, nous le voyons organiser une caravane de muletiers, qui, portant son bagage, ses

livres, ses minéraux, ses plantes, l'accompagna pendant près de deux mois entre le Tage et le Guadalquivir. Le naturaliste curieux de visiter ces contrées avec fruit ne pouvait guère alors compter sur la protection de la loi. Là où le moissonneur n'allait point aux champs sans être armé, le fusil n'était pas moins nécessaire au botaniste et au géologue que la serpe et le marteau. En présence de ces

murs singulières et dans les longues excursions où l'on passait la nuit au milieu de solitudes recouvertes d'aloès, de palmiers-nains ut de figuiers de Barbarie, il était aisé d'oublier qu'on était encore en Europe. Le Play visita successivement Logrosan, aux chimériques gisements de phosphate de chaux ; Almaden, cette patrie classique du mercure; Cordoue, Badajoz, Albuquerque, Cacerès; Guadalcanal, fameux, il y a deux siècles, par ses mines d'argent; Le Pedroso, siège de forges fondées à portée de puissants amas de fer oxydé rouge; Rio-Tinto, dont les cuivres exploités au temps des Romains retrouvent aujourd'hui un regain de célébrité; Séville, Cadix, Gibraltar, Malaga, Grenade, d'où, rejoignant la mer à travers les cols glacés de la Sierra-Nevada, le voyageur atteignit la région métallifère des Alpujarras et visita les gîtes célèbres de Gador et de Lujar, où « un puits percé au hasard manquait rarement de rencontrer la galène à moins de 100 mètres de profondeur » . Il était temps d'arriver. La fièvre vint subitement mettre fin aux études du voyageur. Forcé de renoncer à suivre les côtes de Murcie, de Valence et de Catalogne, il rentra en France par la voie de mer. La seconde partie de l'ouvrage, qui en est la plus considérable, est spécialement consacrée aux observations faites en Estramadure et dans