Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 46]

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DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE

celles de M. Abel. Aucune précaution ne semble avoir été prise pour empêcher que la mise en suspension des poussières dans la masse gazeuse ne diminue l'arrivée de l'air;

s'il en est ainsi, la proportion relative du gaz et de l'air variait donc certainement après l'addition des poussières. -En l'absence de tout détail sur les procédés d'expérimentation, il est d'ailleurs difficile de discuter les résultats avec précision. Toutefois nous remarquerons que notre critique semble appuyée par ce fait qu'on a trouvé qu'en diminuant la vitesse de l'air, on diminuait en même temps la quantité de gaz nécessaire pour amener l'inflammation des poussières. Ce résultat, qu'il serait difficile d'expliquer autrement, se comprend au contraire très bien lorsqu'on

remarque qu'avec une faible vitesse de l'air l'influence retardatrice que les poussières exercent sur celle-ci doit être beaucoup plus grande et que l'addition de celles-ci doit par conséquent accroître très notablement la proportion de grisou contenue dans le courant gazeux. Quoi qu'il en soit de nos critiques, on voit que les expériences de M. Abel réduisent considérablement le rôle que, d'après M. Galloway, les poussières peuvent jouer dans la combustion du grisou. En effet, tandis que M. Galloway avait trouvé que des poussières, incombustibles par elles-

mêmes, peuvent brûler dans un air tenant seulement le septième de la quantité de grisou nécessaire pour former avec l'air seul un mélange détonant, M. Abel a trouvé que, pour produire cet effet, il fallait une proportion de grisou

égale aux 43 centièmes de la même quantité. Si l'on élimine, comme au moins douteuses pour les raisons que nous avons déjà dites, les expériences faites avec un courant d'air très lent, cette proportion monterait même aux .62 centièmes. Dans le cours de ses expériences, M. Abel remarqua que certaines poussières extrêmement terreuses donnaient, au point de vue de l'inflammabilité dans un mélange grisou-

DANS LES ACCIDENTS DE MINES.

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teux d'aussi bons résultats que des poussières de houille pure. Il eut l'idée d'essayer des poussières complètement incombustibles, telles que la magnésie calcinée, le kaolin, et il reconnut avec étonnement que ces matières pouvaient provoquer l'inflammation de mélanges tenant seulement 2,75 p. 100 de gaz. Toutes les poussières légères et poreuses lui donnèrent des résultats analogues. Ici, comme

pour les poussières de charbon, on pouvait se demander si l'introduction des poussières ne diminuait pas le débit de l'air. Toutefois on verra plus loin qu'on peut très aisément vérifier l'exactitude du fait singulier observé par M. Abel.

EXPÉRIENCES FAITES PAR LES AUTEURS DU MÉMOIRE.

L'appareil employé pour nos expériences est un long con-

duit rectangulaire en bois de on',4o de hauteur sur o',15 de largeur. L'air est lancé par Un ventilateur à bras débouchant à l'une des extrémités. La caisse porte près de cette

extrémité un registre, s'ouvrant de bas en haut, qui sert à régler la vitesse du courant d'air. Immédiatement derrière ce registre le gaz vient déboucher par une fente étroite traversant le fond de la caisse sur toute sa largeur. Le brassage des deux gaz est assuré autant qu'il peut l'être par la direction rectangulaire des deux courants et par les remous qui se produisent à la suite de l'étranglement sous le registre. Un peu plus loin une caisse, dont le fond percé de trous a la largeur du conduit principal, sert à l'introduction des poussières. Cette disposition nous a semblé préférable à la trémie conique, pour obtenir une répartition égale des poussières dans toute la section du courant d'air. A 2 mètres de la caisse à charbon se trouve une fenêtre vitrée et mobile, derrière laquelle on met la