Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 109]

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PROPRIÉTÉS PHYS[QuEs.

donc pas qu'un appareil de ce genre puisse jamais entrer dans la pratique courante. Propriétés physiques.

10 Appareil Ansell.

On a proposé d'utiliser, pour déceler la présence du grisou, le phénomène de la diffusion à travers un corps poreux. On sait en effet que, lorsqu'un corps poreux, comme une plaque de biscuit de porcelaine, sépare deux espaces, l'un occupé par de l'air et l'autre par un mélange d'air et de grisou, la pression étant d'abord la même de part et d'autre, croît dans le premier espace et atteint un

maximum, pour revenir ensuite à sa valeur première. L'augmentation de pression, au moment du maximum, est

à peu près proportionnelle à la teneur en grisou du mélange gazeux contenu dans le second espace. M. Ansell, vers 1868, a construit un appareil fondé sur ce principe et qui consiste en un baromètre métallique fermé en dessous par une plaque de biscuit. La plaque, recouverte par un couvercle métallique, est découverte au moment de l'observation, et l'on note l'augmentation de pression causée par l'appareil. Malheureusement, ce curieux instrument est peu sensible, car il n'accuse qu'une augniefl. tation de pression d'un peu plus de 0mm,2 de mercure pour une proportion de grisou égale à i p. 100. Les indications sont d'ailleurs exposées à être faussées par la présence de

l'acide carbonique, qui exerce une influence de sens contraire à celle du grisou, et par celle de la vapeur d'eau qui agit dans le même sens que le grisou. De plus on ne peut, avec cet appareil, faire plus d'une observation, et l'on est obligé de le reporter chaque fois dans une atmosphère pure. C'est donc avec juste raison que l'appareil de M. Ansell n'es(

pas entré dans la pratique des mines.

INDICATEURS DU GRISOU.

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M. Ansell avait proposé de transformer son appareil en un avertisseur permanent.

Un petit manomètre à mercure était fermé d'un côté par une plaque poreuse ; la branche ouverte recevait une pointe métallique dont l'extrémité inférieure était maintenue à une distance convenable de la surface liquide. Dès que la

proportion de grisou devenait suffisamment grande, le mercure se soulevait assez dans la branche ouverte du manomètre pour venir rencontrer la pointe métallique et

fermer un circuit électrique qui mettait un timbre en mouvement.

L'appareil ainsi disposé est fondé sur une idée inexacte du phénomène de la diffusion. Il fonctionnerait régulièrement si, plongé dans l'air pur, il venait brusquement à être enveloppé par de l'air contaminé. Il ne fonctionnerait pas du tout, au contraire, si, comme il arrive le plus sou-

vent, le grisou se mélangeait lentement à l'air qui environne l'appareil. Supposons, par exemple, que les choses soient disposées pour que la sonnerie soit mise en mouvement lorsque la proportion de grisou sera portée à 5 p.100. Si l'air vient à se charger d'abord de 3 p. 100 de gaz, il se

produira temporairement une augmentation de pression impuissante à fermer le circuit; puis l'équilibre de composition s'établira entre l'extérieur et l'espace clos par la plaque poreuse, et la colonne mercurielle retombera à sa position initiale. Qu'une nouvelle quantité de grisou égale à 2 p. 100 vienne alors s'ajouter à la première en donnant une

proportion totale de 5 p. 100, il se produira une augmentation de pression en rapport avec la différence de composition du gaz extérieur, différence qui n'est que de 2 p. 100, et cette augmentation de pression sera encore impuissante à fermer le circuit. On se trouvera donc dans une atmosphère chargée de 5 p. no de gaz sans que l'avertisseur ait fonctionné.