Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 151]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

toute trace de grisou au moment de tirer les coups de mines, en ouvrant les robinets et donnant une chasse d'air

comprimé. Mais une observation de M. Chansselle ôte beaucoup de valeur à cette vue, si rationnelle d'ailleurs. Cet ingénieur a remarqué, dans une galerie remplie de la fumée des pétards, que les jets d'air qui se détachaient en noir sur la fumée blanche y faisaient en quelque sorte un trou, pour aller s'écraser sur le front .de taille et retomber en nappe, en raison de leur température refroidie par la détente, sur la sole où ils coulaient comme une rivière, avec peu d'expansion capable de balayer l'atmosphère irrespipirable.

61. Jets d'air. - On a mis en avant un mode d'emploi plus efficace de l'air comprimé, dans lequel pourtant il ne faut toujours voir qu'une solution partielle, telle que l'aérage d'un cul-de-sac par exemple. M. Piarron de Mondésir avait présenté à l'exposition de

1867 un appareil de ventilation qui était formé d'un jet d'air comprimé, lancé dans l'orifice d'un tuyau ouvert à ses deux extrémités. Un entraînement considérable d'air ambiant se produit dans ces conditions, et le tuyau conduit au front de taille, non pas seulement comme tout à l'heure le fluide fourni par le compresseur, mais une quantité bien plus considérable (1). Ce phénomène d'entraînement est d'ailleurs excessivement complexe. Il a été étudié avec le

plus grand soin par M. Félix de Romilly, dans une intéressante série d'expériences (2). MM. Koerting de Hanovre ont rendu ce procédé pratique en employant un mécanisme analogue à celui de l'injecteur Giffard. Leur appareil a été employé avec succès pour aérer

LES EXPLOSIONS DU GRISOU.

Soi

vivement les avancements de la perforation mécanique, et en chasser les fumées du tirage à la dynamite, en évitant aux ouvriers les maux de tête occasionnés par les vapeurs nitreuses. Un Krting établi à Nceux entraînait en nombre rond, 200 litres pour d'air comprimé à 5 atmosphères. Le canal avait 15o mètres de longueur jusqu'au front de

taille, et le courant parcourait ensuite 570 mètres avant d'être rejeté dans le grand retour d'air (1). Cet appareil a été aussi employé dans les mines d'Anzin (2).

ag. Jets de vapeur.- Le Kcerting a été également modifié pour le cas où l'on n'a pas de compresseur d'air, niais seulement des générateurs de vapeur. On injecte alors de la vapeur d'eau. Il en occasionne une grande consommation, mais son effet est considérable sous cette forme (3), et a rendu des services à Anzin, à Noeux, à Bezenet, où M. Baure n'a eu qu'à se louer de son emploi (4) . Mais déjà, bien antérieurement à cette invention, on avait

employé les jets directs de vapeur au pied des puits pour y déterminer le mouvement de l'air, à peu près comme dans les cheminées de locomotives. Buddle a proposé ce principe en 1807. On l'a appliqué dans le Hainaut. et dans le pays de Liège. Seulement ce qui est tout bénéfice dans la locomotive, où l'on emploie l'échappement de la vapeur qui a déjà fonctionné et dont il ne s'agit plus que de se débarrasser, est loin d'être aussi recommandable lorsqu'il faut se procurer tout exprès cette vapeur, et il serait alors facile de trouver un mode d'emploi plus avantageux de ce (i) Compte rendu mensuel, etc., janvier 1876, page 3h; et février 1877, page 109.

LEHAÎTRE : Mémoires des ingénieurs civils, 15 mars 1867. Rapport de M. HATON DE LA. GOUPILLIÈRE sur les expériences

de M. Félix de Romilly (Bulletin de la Société (l'encouragement pour l'industrie nationale, 30 série, tome 1V, page 24).

Ibidem. Revue universelle, de CUYPEE, 1" volume de 1777, page log. Compte rendu mensuel, mai 1876, page 3É; février 1877, page 24 ; avril 1878, page 73. VO Compte rendu mensuel, etc., décembre 1875, page i3.