Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 292]

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A L'EXPOSITION DE 1878. LA MÉTALLURGIE 564 laminés), canons, frettes, projectiles, etc., ont reporté l'attention des fabricants sur ce moyen d'amélioration des aciers, et même plus généralement des alliages ferreux fondus. La collection déjà

citée, que la Compagnie de Terre-Noire exposait en 1878, présen-

tait à cet égard des spécimens fort intéressants de moulages en acier bruts, trempés à l'huile, avec ou sans recuit. Ces spécimens montraient qu'on peut obtenir, par ces manipulations, comme l'annonçait Whitworth en 1863, des effets semblables à ceux que nous attribuions ci-dessus à la compression; mais de là à conclure que le travail de forgeage ou de laminage n'est pas nécessaire à l'acier, nous croyons que c'est aller trop loin. M. Lebasteur, dans l'ouvrage auquel nous avons déjà renvoyé, a montré ce qu'il y a de douteux dans cette opinion. Bornons-nous ici à rappeler les difficultés qui ont fait renoncer Whitworth à ce procédé, difficultés dont nous avons personnellement mesuré toute l'étendue : avec des aciers sur sole, aussi sains que possible, moulés en petites dimensions (projectiles de petit calibre, par exemple), on parvient encore à des résultats assez constants; mais, dès qu'on aborde des dimensions plus fortes (et il ne s'agit encore que de poids de 300 à 35o kilog.), on réussit une fois sur deux, parfois même une fois sur trois, à réaliser un effet déterminé (2).

Ce procédé nous semble présenter un défaut capital : il ne com-

porte pas assez de latitude dans ses moyens d'action pour une fabrication courante, surtout quand il s'agit de pièces volumineuses et de formes tant soit peu variées. Arrivons enfin à la fabrication des alliages ferreux fondus destinés à l'ouvraison par le marteau ou par le laminoir : c'est là,

sans contredit, que depuis dix ans se sont faits les plus grands progrès. Progrès à tous les points de vue : 1° progrès dans l'outillage; 2° progrès dans le choix et le traitement des matières jusqu'au lingot; 5° progrès dans l'organisation générale du travail, depuis la préparation du lingot jusqu'au finissage du produit marchand. Nous avons déjà parlé des progrès dans l'outillage aux § I, III et IV : nous nous occuperons ici des deux derniers titres.

La tendance dans la préparation des lingots, soit à la cornue Bessemer, soit sur sole, a été d'obtenir des métaux fondus de plus

(*) Les résultats d'essais faits par l'Artillerie de Narine, à Lorient, donne.. raient, si nous pouvions y puiser ici, des renseignements tout à fait conformes à ce que nous disons là de cette fabrication délicate.

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en plus doux, c'est-à-dire, de moins en moins carburés. Le désidé.ratuin, signalé dans les publications qui suivirent l'Exposition de 1867 (*), la production du fer fondu, semble aujourd'hui atteinte

ou bien près de l'être; mais il importe de faire à cet égard une première distinction essentielle entre les provenances des métaux doux et fondus.

Et d'abord, dans la cornue Ressemer, avec telle fonte pure, de la catégorie des fontes anciennement connues sous le nom de fontes aciéreuses, provenant de minerais purs, manganésés, et tenant, en outre du carbone, de i à 2 p. ioo de silicium et 5 à h p. 100 de manganèse et peu ou point d'autres éléments, l'affinage peut être conduit à peu près à volonté pour métal dur ou doux : dans les deux cas, on n'a besoin que de peu ou point d'addition finale (spiegel ou ferro-manganèse). Au contraire, avec une fonte plus impure, moins manganésée et plus chargée non-seulement de silicium, mais d'éléments divers comme en apportent tant de minerais terreux, l'affinage est difficile; il faut le prolonger au delà de la décarburation : non-seulement il faut faire doux, mais encore user d'addition s finales, plus ou moins considérables, d'alliages riches en manganèse. Dans le premier cas, le métal doux obtenu J. à sera, si l'on veut, du fer fondu naturel pouvant retenir de o millièmes de carbone, autant de silicium et à peine u ou 5 millièmes de manganèse, c'est-à-dire une somme d'éléments étrangers

à peine égale à celle des meilleurs fers doux que donnaient les anciens procédés d'affinage. Dans le second cas, au contraire, pour

une même teneur en carbone, le métal fondu retiendra souvent de 5 à 6 millièmes de manganèse, sinon plus, et avec cela au moins

5 à Li millièmes, parfois plus, de silicium et des traces plus ou moins dosables d'autres éléments : ce sera, en un mot, un alliage complexe.

Entre ces deux cas extrêmes, il est aujourd'hui, d'une usine Bessemer à une autre, des nuances nombreuses, correspondant aux mélanges de minerais fort variés qu'on y emploie, mélanges où entrent, avec des minerais purs et riches, des doses plus ou moins élevées de minerais terreux : les fontes provenant exclusivement de minerais terreux communs n'ont été traitées seules qu'assez récemment, nous y reviendrons tout à l'heure. La fabrication sur sole, qu'elle procède par affinage proprement dit de la fonte seule ou mélangée d'une certaine proportion de fer (*) Rapports du jury international de 18,37. Les procédés métallurgiques, par N. Lam (Tome VIII, pages ton et suiv.).