Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 279]

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LA MÉTALLURGIE

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les fours Siemens. Quelques-uns de ces moyens, notamment le lavage des gaz, rappellent les dispositifs du four Lundin, déjà. connu en 1867. Quelques usines d'Autriche (Prâvali) ont obtenu, par le lavage, des résultats analogues au puddlage avec les gaz de lignites très-médiocres, cendreux et chargés d'eau.

§ II.

Préparation des matériaux réfractaires.

Dès les premières applications de son système de chauffage, M. Siemens se préoccupait de la nature des matériaux réfractaires qu'il fallait pour résister à de pareilles températures ; la plupart des matériaux terreux usités jusqu'alors paraissaient insuffisants. De bonne heure, cet inventeur recommanda les briques siliceuses de Dinas (Angleterre), et beaucoup d'usines sont restées tributaires des fournisseurs de ces produits bien connus aujourd'hui. Cependant, des établissements se sont créés sur le continent, en Allemagne et en France notamment (Muller et Ce à Ivry, Carvès et Ce à Saint-Étienne), pour la fabrication de briques siliceuses qui luttent avec les briques de Dimas, quand elles ne les remplacent pas. Mais les briques siliceuses, tout en résistant très-bien à l'action de la chaleur, présentent des défauts de solidité ou de compacité qu'on n'est pas parvenu à faire disparaître, malgré les fortes compressiOns auxquelles on soumet les pâtes avant le moulage. Il semble que, quelle que soit la composition du mélange (quartz et Quelques centièmes de chaux, quartz et quelques centièmes d'argile, avec ou sans additions alcalines ou autres), la cuisson qui suit la compression ne parvient pas à en souder suffisamment les éléments. Un autre inconvénient souvent reproché aux briques siliceuses, du moins pour les parois des fours de fusion en contact les avec le bain de métal et scories, c'est leur corrosion rapide par oxydes ou silicates métalliques. De nombreux essais ont été faits, un peu partout, pour substituer aux briques réfractaires siliceuses des matériaux basiques, à base d'alumine ou de chaux ou de magnésie. La bauxite a été essayée de bonne heure (1863) aux premières tentatives faites en France pour la fabrication de l'acier sur sole elle n'a pas réussi. Mais, en dehors des difficultés qu'offrait cette

matière, à cause de sa teneur en eau et en silice, et du retrait

qu'elle éprouve, il ne semble pas que, dans l'essai dont nous parlons, on se soit suffisamment préoccupé de son moulage sous pression convenable ni de sa cuisson. L'alumine n'est point, d'ailleurs, la base la plus convenable pour

A L'EXPOSITION DE 1878.

559 combattre les effets de corrosion qu'on reproche aux briques siliceuses : la chaux et la magnésie seraient certainement préférables, au moins comme composants prédominants. Depuis quelque temps déjà, des usines d'Autriche (Donanitz) emploient des briques à base de magnésie, qui, notamment dans les fours à puddler, se montrent bien supérieures aux briques argile-siliceuses contre l'action corrosive des bains liquides. Ces

briques sont faites d'un mélange composé de 19, p. 100 d'argile réfractaire et de magnésite calcinée pour le surplus. Le mélange (après broyage et criblage sur un tamis à trous de 2 millimètres de diamètre) est malaxé et humecté aussi peu que possible, il est moulé et fortement comprimé, puis séché très-lentement et cuit à très-haute température. Des essais du même genre, dont M. l'inspecteur général Gruner

a déjà entretenu les lecteurs des Annales (i" livraison de

1879,

p. 152), se poursuivent en Angleterre, à propos de garnissages basiques de la cornue Bessemer. Il semble donc que nous touchons au moment de la substitution des matériaux réfractaires basiques aux matériaux siliceux.

§ III.

Construction des fourneaux de diverses sortes.

Les accroissements de capacité que nous avons signalés dans les fours Siemens et analogues se sont introduits dans la plupart des fourneaux métallurgiques, réverbères et fours à cuve. Ces derniers étaient surtout représentés à l'Exposition, dans la section française, par de très-beaux modèles de hauts-fourneaux, montrant, comme les modèles de réverbères Siemens, Pernot, etc., les soins donnés aujourd'hui à la construction de ces grands appareils. Le trait saillant du mode de construction actuel, c'est la part de plus en plus grande faite aux matériaux métalliques comme armatures, enveloppes ou supports des maçonneries, parfois même comme éléments des parois intérieures des fourneaux. Il y a déjà longtemps qu'on connaît le type des tours de hautsfourneaux montés sur colonnes en fonte. Ce type laisse l'accès complètement libre sur tout le pourtour des oeuvres basses du massif réfractaire que l'air baigne et rafraîchit extérieurement. On a chaque jour aminci davantage les parois découvertes du creuset, de l'ouvrage et même d'une partie des étalages; en outre, au lieu de les armer simplement de quelques cercles comme autrefois, on les a consolidées par de forts cadres en fonte autour des tuyères, c'est-à-dire dans les régions qui s'usent le plus vite