Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 149]

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EXPOSÉ DES TRAVAUX

« Montes ab eâdem massà, eodemque modo constructi », dans un ouvrage remarquable Historia terrx et maris ex historià Thuringix per mon-. hum descriptionum erecta, in Act. cad. elect. Iloguntin. Erfurth, vol II, p. 44-209, 1762, Hichell, dans le Philosophical Magazine, On the causes and phenomena of earthquakes, traite du soulèvement, du plissement des couches, et note le parallélisme des plissements des couches identiques dans la même contrée. Saussure, enfin, dans ses Voyages dans les Alpes, mit en évidence le parallélisme des chaînes dites secondaires et de la chaîne principale. Vers la fin de son ouvrage, S 2302,

il mentionne le parallélisme des crêtes et des couches comme un des faits les plus généraux que Palassou, dans sen Essai de la minéralogie des monts Pyrénées, 1781, avait remarqués de son côté. Malgré ses observations sur le poudingue de Valorsine, Saussure répugne à étendre les mêmes conclusions aux couches calcaires : « car, dit-il, les rochers étant produits par une cristallisation, on ne doit nullement s'étonner de voir leurs couches perpendiculaires à L'horizon o. (Voy. SS 239 et 240.) Dans les Lettres à M. de Lamétherie (Journal de physique 1791), Deluc admet des brisements plusieurs fois répétés du sol continental produits par de violentes commotions, système qu'il développa dans son Traité (1809) et dans son Abrégé de géologie (1815), en assignant comme causes de ces commotions des chutes dans l'intérieur des cavernes qu'il suppose constituer la plus grande partie de la terre. Ilutton et surtout Playfair, dans ses Illustrations of the Buttonian theory of the Earth (1802), développe le système du creusement des vallées par l'unique action des eaux, de la sédimentation (opposée à l'incrustation), comme cause de la production des couches, et du soulèvement du fond de la mer par la chaleur centrale.

DE M. ÉLIE DE BEAUMONT.

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Jusqu'à cette époque il n'y a pas de progrès sensibles sur la manière de voir de Stenon. Léopold de Buch introduit des idées nouvelles. Après avoir

constaté, contrairement aux opinions de Werner, que les granits, porphyres et basaltes, sont des roches éruptives ; que les volcans de la France centrale sont bien, comme Dolomieu l'avait annoncé, dans un pays granitique, et ne doivent pas leur existence à la combustion de couches de combustibles, il expose sa théorie des soulèvements proprement dite. L'apparition des chaînes de montagnes est due au soulèvement du sol par les vapeurs qui accompagnaient l'éruption des roches ignées, comme elles accompagnent encore l'émission des laves. (Voy. Physikaliche Beschreibung der Kanarischen Insein. Uber die Ziisammen setzung der basaltischen Ilïseln, dans Leonhard, 1821.) De

Buch applique cette théorie aux Alpes, en même temps qu'il imagine le métamorphisme, c'est-à-dire la transformation en dolomie des couches calcaires, par les mêmes vapeurs. Enfin il trace en 1824 les limites de quatre systèMes dans l'Europe centrale; ces systèmes étant l'ensemble des couches de même direction (Leonhards Taschenbuch). C'est probablement là le germe des théorieS d'Élie de Beaumont.

Bien que pendant longtemps Élie de Beaumont n'ait pas paru vouloir se prononcer entre les idées de. Deluc (abaissement des couches dans des cavités souterraines) et celles de de Bach, la théorie de celui qu'il se plaisait à appeler son maître avait évidemment sa préférence. En 1850 (*) et en 1851 , lorsqu'il l'avait manifestement abandonnée pour lui substituer l'idée plus générale d'un ridement de l'écorce terrestre, il défendait encore le mot de « soulèvement » . Le respect profond qu'il professait pour Saussure, pour () Comptes rendus, t. XXXI, 7 octobre i850. les systèmes de montagnes, 18b. (*") Notice