Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 32]

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NOTICE BIOGRAP H IQUE

chose à peu près inconnue; mais des intelligences comme celle de Canon n'avaient pas besoin de ces stimulants, et plusieurs fois son nom retentit aux distributions de prix du concours général. Excellent élève de lettres, il passait à l'étude des sciences sans effort apparent, et, après une année de mathématiques spéciales, il entrait le deuxième à l'École polytechnique en 1854. Conservant ce rang à sa sortie, il quittait l'École des mines en 3858, le premier sur la liste de sa promotion ; son camarade Le Chatelier était le second. Après une mission accomplie en Allemagne avec Le Cha-

telier, Gallon était nommé, le 18 niai 1859, professeur à l'École des mineurs de Saint-Étienne. Il y arrivait en possession d'une instruction littéraire et scientifique des plus étendues, instruction à laquelle il ajoutait successivement la connaissance des langues anglaise, allemande et espagnole. Avec 'l'habitude et le goût du travail, il possédait ce merveilleux instrument, la méthode. Jamais pressé, mais toujours prêt, il commençait sa carrière dans des conditions de succès que l'on a égalées, mais jamais dépassées.

1. École des mineurs de Saint-Étienne. - L'École des mineurs de Saint-Étienne a été fondée par le gouvernement

en 1817 pour former des ingénieurs chargés de la direction des mines et des établissements métallurgiques ; elle fournit aussi quelques sujets peur des emplois de gardemines.

Le personnel de l'École se compose d'un ingénieur en chef des mines directeur, et de trois ingénieurs professeurs. Gallon, nommé en remplacement de M. Gervoy qui prenait la direction des mines de Villars et plus tard celle du chemin de fer de Lyon à Saint-Étienne, fut chargé du cours de mécanique et d'exploitation des mines. Son séjour à Saint-tienne dura près de six années, pendant lesquelles

il joignit à la préparation de son cours des études appro-

SUR JULES CAL LON.

fondies sur les mines qui existaient dans tout le département. En même temps il continuait ses études littéraires et lisait avec une grande ardeur les livres des principaux économistes, notamment ceux de J. B. Say dont il faisait une analyse complète. A cette époque, l'économie politique exerçait sur l'esprit

des jeunes ingénieurs une séduction plus grande qu'aujourd'hui. On allait même volontiers jusqu'aux questions d'économie sociale, et plus d'un ingénieur consacrait une partie de ses loisirs à discuter les doctrines d'Enfantin et de Considérant. Plus sage, Gallon sut se borner à l'étude des doctrines économiques, sans être attiré le moins du monde vers les doctrines fouriériste et saint-simonienne. En 1844 il obtint du ministre des travaux publics l'autorisation de faire un voyage de trois mois dans l'Amérique du Nord. Le ministre, en répondant à sa demande, lui traçait son itinéraire et lui demandait (l'étudier :

Le mode d'exploitation de la houille, de l'anthracite et des minerais de fer La fabrication de la fonte et du fer, celle des rails, des essieux et des bandages. Nous n'avons pas retrouvé les notes qu'il a rédigées pendant et après ce voyage, c'est-à-dire durant les derniers mois de son séjour à Saint-Étienne qu'il quittait à, cette époque pour se rendre à Alais. 2. École des maîtres-ouvriers mineurs d' Alais. -L'École des maîtres-ouvriers mineurs d'Alais est peu connue dans

le nord de la France, et il nous paraît utile d'entrer à son sujet dans quelques détails qui montreront Gallon aux prises

avec des difficultés absolument nouvelles pour un jeune l'organisation d'une affaire. professeur, Il ne s'agissait plus seulement, en effet, de suivre pour un cours le programme tracé par plusieurs prédécesseurs; il fallait, tout en s'occupant du programme à rédiger pour