Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 113]

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NÉCROLOGIE.

NÉCROLOGIE.

A ces deux discours, il convient de joindre l'expression des regrets que le ministre de la justice a fait entendre, quelques jours plus tard, en recevant les membres du Conseil d'État, dont le garde des sceaux est le président. Après avoir parlé de M. Odilon Barrot, qui, au moment de sa mort, était vice-président, M. Dufaure a dit

l'envi indiquée de divers côtés. Lors de la réorganisation du Conseil d'État, la limite d'âge légale, qui aurait pu être

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« M.

Odilon Barrot était du moins parvenu à

l'ex-

trême vieillesse ; mais pourquoi la mort nous a- t-elle ravi

ce brillant et sympathique jeune homme qui faisait l'orgueil et comme l'ornement de notre maîtrise, M. Dentengeot, dont l'érudition et le talent permettaient de concevoir de si grandes et de si légitimes espérances, et dont la fin prématurée n'a pas seulement laissé un vide dans le sein du Conseil, mais a été considérée comme une véritable perte par tous ceux qui s'intéressent à l'élite de la jeunesse française et se demandent, après tant de malheurs, quel avenir est réservé à notre pays? » Après d'aussi solennels hommages, il n'est évidemment rien permis d'ajouter au sujet des qualités remarquables qui étaient l'apanage de notre jeune camarade et qui convenaient si particulièrement à la carrière où sa destinée l'avait finalement porté. Mais il est une réflexion qu'ont dû faire tous ceux qui connaissaient M. Demongeot ; c'est que, depuis les bancs de l'École polytechnique, on le suivait sans pouvoir saisir la moindre défaillance dans l'élan de sa fortune, ce qui affecte encore plus péniblement dans la mort prématurée de ce jeune homme. Non-seulement il était heureusement doué, mais encore il était essentiellement heureux, par suite de la sympathie qu'il inspirait à tous ceux qu'il approchait. Ainsi, lors de l'élection des auditeurs de cette Commission provisoire où commença à se manifester avec éclat son aptitude aux affaires administratives, sa candidature fut à

fatale à M. Demongeot, lui avait, au contraire, été extrêmement favorable : il ne pouvait plus être admis aux épreuves du concours pour l'auditorat de première classe, par suite de quelques mois de trop ; mais le président de sa section,

l'ayant remarqué et apprécié, tenait beaucoup à le conserver au Conseil d'État et le désignait à la présentation du garde des sceaux, sur le rapport duquel il fut nommé maître des requêtes. On vient de voir combien M. Dufaure et M. Aucoc s'étaient félicités du choix de leur jeune collaborateur. E. LAMÉ FLEURY,