Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 107]

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AFFINAGE DE L'OR ARGENTIFÈRE,

NOTE SUR UN PROCÉDÉ D'AFFINAGE DE L'OR ARGENTIFÈRE, EN USAGE AUX ÉTABLISSEMENTS DE LA MONNAIE DE SYDNEY ET DE MELBOURNE,

Par M. ÉMILE HEURTEAU, ingénieur des mines.

L'or produit par l'exploitation des alluvions aurifères ou des filons quartzeux dans les colonies australiennes contient une certaine proportion d'argent, généralement comprise entre 5 et 10 p. 100, et qui, variable avec la provenance, s'élève parfois, notamment en Nouvelle-Zélande, à 25, 30 et jusqu'à 55 p. 100. L'affinage du métal brut se fait à la monnaie de Sydney et à Celle de Melbourne. Pour donner une idée de l'importance des opérations de ces deux établissements, dont le dernier n'a été inauguré qu'en 1872, il suffit de dire qu'en 1871, la quantité d'or affiné à la monnaie de Sydney atteignait une valeur de 72 millions de francs. La séparation de l'or d'aVec l'argent qu'il contient se fait à Melbourne et à Sydney par l'emploi d'un procédé nouveau, basé sur l'action directe d'un courant de chlore sur l'alliage métallique en fusion. Ce procédé imaginé par M. Miller, aujourd'hui essayeur en chef à la monnaie de Melbourne, a été décrit par son auteur en 1868 dans le «,Journal of the Chemical Society » et en décembre 1869 dans les « Transactions of the Royal Social' of New Sotalv

Wales u. Introduite dès cette époque. à la monnaie de Sydney, la nouvelle méthode a maintenant traversé l'épreuve de plusieurs années d'expérience; elle a reçu récemment, dans le nouvel établissement fondé à Melbourne, tous les perfectionnements qui peuvent résulter d'une installation complète et bien appropriée.

Pour apprécier les avantages qui peuvent résulter de

EN AUSTRALIE.

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l'emploi de ce nouveau mode d'affinage, il est important de ne pas perdre de vue les conditions toutes particulières dans lesquelles il a été appliqué en Australie. Les quantités

considérables d'or argentifère que l'on y a à traiter, et la prédominance presque exclusive de l'or par rapport à l'argent et au cuivre, ne permettent pas (l'obtenir, comme dans les établissements analogues d'Europe, des mélanges des trois métaux dans des proportions favorables à l'emploi des procédés ordinaires par dissolution. Dans ces conditions, la pratique paraît avoir montré que la nouvelle méthode offre le triple avantage : d'être plus économique que les autres modes de traitement, surtout eu égard aux prix élevés des produits chimiques en Australie; de diminuer les pertes en argent; enfin de s'appliquer indifféremment à des alliages en proportion variable d'or et d'argent. Nous allons faire connaître d'une manière succinte le principe de la méthode et la marche des opérations.

Principe de la méthode. - L'or brut contient de 5 à 5o p. ioo d'argent et 1 à 2 p. ioo de métaux étrangers, cuivre et étain. Si l'on fond ce métal, et si on le soumet alors à l'action d'un courant de chlore, l'argent se sépare le pre-

mier à l'état de chlorure, et le chlorure d'argent fondu nage à la surface de l'alliage qui occupe le fond du creuset. En prolongeant l'opération jusqu'au point convenable, et en décantant alors le chlorure d'argent, on obtient d'une part de l'or fin contenant encore de 3 à 9 millièmes

d'argent et seulement des traces de cuivre; d'autre part, du chlorure d'argent qui retient encore de 10 à 20 p. 100 d'or et qui doit être soumis à un raffinage. La totalité. de l'étain et la majeure partie du cuivre sont volatilisés pendant l'opération ; on peut éviter presque c,omplétement les pertes en argent par volatilisation en ayant soin d'opérer sous une petite couche de borax fondu qui couvre la surface du bain métallique.