Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 254]

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RESTE DE GÉOLOGIE.

ROCHES MÉTALLIFÈRES.

Ces minerais sont en couches plus ou moins puissantes ; ils con-

tiennent du zinc qui forme d'ailleurs des cadmies dans le haut fourneau. Dans le voisinage de ces gîtes, à Béganne (Morbihan), on trouve

des fers peroxydés titanifères, qui sont associés à des quartz compactes.

Enfin, M. J. Garnier observe encore qu'à Rochefort-en-Terre (Morbihan), on exploite comme minerai de fer, au contact des ardoises et des micaschistes, un schiste très-imprégné de grenats almandins et rendant 2 0 p. 100 de fonte à la fusion. Le gîte de fer de Rancie a généralement été consi. BANCIÉ. déré comme formé par une série d'amas irréguliers, sans relation les uns avec les autres ; mais suivant M. V er a (I), c'est un

filon, ou plutôt un système de filons dont les réactions mutuelles ont produit cette disposition particulière, assez fréquente dans les Pyrénées. Le gîte de Rancié a déjà été décrit avec de grands détails par M. Mussy (2); il est encaissé dans des calcaires classés par Dufr énoy dans le lias. En un seul point, son mur est formé par des schistes. Les calcaires, généralement orientés de l'est à l'ouest, ont un plongement moyen de 700 vers le sud ; sur quelques points singuliers ils se redressent du nord au sud et sont alors très-fendillés.

On peut distinguer trois systèmes de cassures enrichies dont les

directions approchées sont, par ordre de date

N.

1100 E. (sys-

tème des Pyrénées); N. itio° E. (système du mont Serrat); N. 70°E. (système des Alpes principales). Les cassures stériles, produisant rejet, sont moins bien connues et varient entre N.-S. et N. 3o° E. Ces cassures sont généralement peu puissantes et se réduisent souvent à quelques centimètres. La grande épaisseur du gîte, qui atteint fréquemment de 20 à 50 mètres, provient, d'après M. V iera,

de ce que tout le massif compris entre deux ou trois cassures signalées plus haut s'est effondré ou a été dissous par des eaux acides et remplacé par du minerai. Le gîte se trouve ainsi constitué par des prismes ou des pyramides dont le toit et le mur, au lieu d'appartenir à la même cassure, sont formés par deux et souvent par trois cassures distinctes. La stratification du terrain, in-

termédiaire entre la direction du premier et celle du

troisième

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système, a joué aussi un rôle important en offrant un plan de division facile, qui parfois fournit une des parois du gîte et qui, dans tous les cas, a facilité la disparition des prismes découpés par le premier et le troisième système de fractures. Les fractures du système du Mont Serrat (La Canule), qui coupent beaucoup moins obliquement le terrain, donnent du reste naissance à des filons réguliers dont la puissance ne présente aucune anomalie. La dissolution partielle des masses calcaires découpées par les trois systèmes de failles enrichies a dû être facilitée par la nature du remplissage. Le minerai semble en effet être venu au jour sous la forme de fer carbonaté, dissous à la faveur de la pression et de la température, dans un excès d'acide carbonique. Cette dissolution, sous l'influence du refroidissement et de l'action chimique des

parois calcaires, a dû déposer en général de l'hématite brune et, dans les parties étranglées du gîte ou des réouvertures, du fer carbonaté ou même de la chaux carbonatée plus ou moins ferrifère. Lofer oligiste micacé, qui se rencontre en abondance dans certains quartiers de la mine, paraît avoir eu une origine distincte et avoir été amené par les fractures du Mont Serrat, de même que le fer carbonaté semble avoir été amené par les cassures du système des Alpes. On peut remarquer à ce sujet que l'enrichissement s'est fait à la rencontre des deux fractures clans le mur du filon croisé et par le

toit du croiseur. Quant à la théorie autrefois admise, suivant laquelle le minerai de Bandé proviendrait de la décomposition en place, par les eaux surperficiel les ou souterraines, du fer carbonaté préalablement déposé à cet état, M. Vi er a pense qu'elle est contraire aux faits observés et qu'elle s'applique tout au plus à la formation de la mine noire dite à grain de gabach. D'ailleurs ces eaux acides ont dû agir mécaniquement et chimiquement sur les parois

du gîte en les usant et en y creusant des cavités irrégulières qui masquent maintenant, en grande partie, le canevas primordial des différentes fractures. De cette manière le gîte prend des formes arrondies propres à tromper l'observateur. Cependant on peut toujours reconnaître, au toit et au mur des grands amas, le passage des cassures primordiales qui en ont dessiné le réseau. Le résidu de cette dissolution des calcaires paraît représenté par les puissantes salbandes argileuses qui caractérisent le gîte de Rancie,

Où elles dépassent souvent n mètre d'épaisseur, tandis qu'elles manquent complètement dans les gites analogues encaissés par les schistes.

Communication inèdite de l'auteur. Annales des mines de :867 et Géologie du département de l'Ariége.

Suivant M. V i er a, l'allure du gîte de Rancie se retrouve dans les gîtes de Lercoul, Miglor et Chà'teauverdun et, avec quelques modi-