Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 146]

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ENQUÊTE SUR L'ÉTAT 270 qui inquiète ceux qui se préoccupent du rapide épuisement de nos houillères. Une autre considération doit être signalée; la complète utilisation du calorique de la houille est loin d'être atteinte. La quantité d'eau vaporisée par un kilogramme de houille de qualité moyenne, donnant io p. 100 de cendres, varie, suivant les appareils, depuis 4 kilog. et même moins jusqu'à ii kilog., limite exceptionnellement atteinte.

Le rendement moyen actuel est de 7 kilog. En fixant à 8.0oo calories la chaleur dégagée par kilog. de houille, on trouve que l'utilisation ne dépasse pas 57 p. 100 du calorique dégagé. Le haut prix du combustible a poussé tous les industriels à des transformations de matériel pour atteindre ce chiffre ou le dépasser; il y aura, de ce chef, une économie de combustible capable de compenser un grand accroissement d'activité industrielle. Ajou-

tons qu'on tend de plus en plus à utiliser les menus de houille, soit en les agglomérant, soit en les employant directement à l'aide de foyers spéciaux. Importations.- Nous avons dit que le déficit annuel de la pro-

duction s'était maintenu, jusqu'en 1869, entre le tiers et

les deux

cinquièmes de la consommation.

Les importations étrangères destinées à combler ce

déficit élevées

étaient, en 1853, de 35 millions de quintaux. Elles se sont à 62 en 186o et à 83 millions en 1869. Mais il convient d'en défalquer les exportations de la France vers l'étranger; ce dernier chapitre est peu important. Il se chiffrait par 2.800.oeo quintaux en

i86i et par 3.80o.000 en 1869. Depuis cette époque, l'ouverture du tunnel du mont Cenis et l'établissement de relations plus intimes entre le bassin du Gard et les régions de la Méditerranée ont fait grossir le chiffre des exportations, qui, en 1875, atteignaient 6.200.000 quintaux, dont 2.760.000 à destination de l'Italie. Mais il est probable qu'il se passera bien du temps encore avant que les exportations françaises puissent peser d'un poids sérieux dans la balance de la consommation. Cela posé, la vraie mesure du déficit étant l'excès des importa-

tions sur les exportations, cherchons à préciser les variations de cet élément. Pour permettre de les apprécier, l'administration des mines a fait dresser un tableau indiquant, pour chaque période de cinq ans, d'une part, le rapport entre ce même déficit et la consommation française, d'autre part, le rapport entre ce même déficit et la production indigène. Ce tableau nous paraît utile à reproduire ici,

DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANCE.

271

RAPPORTS AN

ES.

entre l'excès de l'importation sur l'exportation et la consommation.

1815 1819 1824 1829 1834 1839 1844 1849 1854 1859 1864 1869

p. 100. 20

production. p. 100 26

18

2/

25

31

24

22 23 31

36 37 42 35

36

29 39 45 53 59 72 56 58

De la comparaison de ces chiffres se dégage un résultat trèsremarquable, c'est que le déficit proportionnel, après avoir suivi, depuis le commencement du siècle, une marche presque constamment ascendante, a atteint son apogée vers 1859, pour décroître ensuite et retrouver, en 1869, la même valeur que vingt ans auparavant. Ainsi, la production de 1859 étant représentée par 100, celle de 1869 était devenue 175, tandis que, l'importation de 1859 étant également figurée par loo, celle de 1869 est égale à 142, chiffre notablement inférieur à 175. En d'autres termes, le mouvement industriel engendré par la révolution économique de /86o a eu pour effet incontestable de développer notre production indigène, en diminuant un peu, du moins en valeur relative, le tribut qu'il nous fallait payer à l'étranger. Ce mouvement salutaire continue-t-il encore aujourd'hui? On peut s'en assurer, au moins pour les années 1872 et 1873, à l'aide des chiffres publiés par l'administration des douanes. On

voit, en effet, que, dans l'année 1872, l'importation totale des houilles (le coke ayant été transformé, comme toujours, en un poids équivalent de houille crue) a été de 75.460.000 quintaux, taudis que les exportations du commerce spécial atteignaient 5.120.00o quintaux. La différence, soit 68.5Lto.000 quintaux, représente l'excès des importations sur les exportations, en 1872, c'està-dire le déficit de la consommation. On voit, de suite, que ce déficit est égal à43 p. ion de la production indigène correspondante. On verraiede même qu'il est égal à 50 p. 100 de la consommation. En 1873, le déficit a été de 7 millions de quintaux, soit lin p. 100 de la production et 28 p. 100 de la consommation. Il est vrai que,