Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 139]

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ENQUÊTE SUR L'ÉTAT

tonnes (soit 31 p. 100 de la production) exportées en 1867, PeAn la-

gleterre a passé, en 187 t, à 2.1 /2..... tonnes (37,75 p. Io. production) et, en 1872, à. 2.655,000 tonnes (38 p. 100 de la production). Ainsi c'est à l'essor considérable pris pour les exportations qu'il faut attribuer le redoublement d'activité de l'industrie du fer en Angleterre. Quant à la destination de ces exportations, il est facile do s'assurer que l'Amérique en a été le principal débouché. Il résulte, en effet, des chiffres publiés par le Bulletin du comité des maîtres de forges, que la consommation totale du fer aux Etats-

Unis a été, en 1872, de 4.511.50o tonnes, dont t 6os.ouo tonnes seulement ont été produites dans le pays. L'excédant, soit 2.700.000

tonnes, a dû être demandé par les États-Unis à la production européenne et spécialement à celle de l'Angleterre. Si l'on cherche le motif de ces besoins extraordinaires éprouvés par les États-Unis,

les documents publiés par le même Bulletin établissent qu'en 1872, 2.500.000 tonnes de fer et de fonte ont été consommés par

l'industrie des chemins de fer, et l'on sait, d'autre part, que le nombre de kilomètres de voies ferrées construit par les EtatsUnis, dans cette seule année, s'est élevé à 12.000. Tel est donc le véritable motif de la hausse du charbon. Les États-Unis, avec l'activité extraordinaire qui les caractérise, veulent créer, en une année, un grand nombre de lignes de chemins de fer. Impuissants à fournir eux-mêmes les matières premières nécessaires, malgré l'accroissement gigantesque de leur production sidérurgique, ils viennent demander à l'Europe, à tout prix, la fonte et le fer dont ils ont besoin. Le prix de ces deux métaux s'élève; le coke et la houille suivent le mouvement et, comme tous les marchés industriels de l'Europe sont solidaires, la hausse coinmencée en Angleterre s'étend rapidement sur la Belgique, l'Allemagne et la France. Du reste, si la prépondérance de la production industrielle en Angleterre suffisait pour entraîner dans sa marche

les autres marchés du continent, il ne manquait pas de raisons spéciales pour que la hausse se produisît sur chacun d'eux en particulier. L'Allemagne, surexcitée par sa nouvelle prospérité finam cière, voyait toutes les entreprises industrielles se développer sur son sol avec une véritable fièvre. Ses importations de fer et de fonte en 1872 étaient quintuples de celles de 1869. En Belgique, les exportations sidérurgiques s'élevaient de 189.000 tonnes, en 1869, à 235.0.0 tonnes, en 1871. et 25h.000 tonnes en 1872. En France, toutes les branches de l'industrie, arrêtées un moment par l'invasion, reprenaient un nouvel

DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANGE.

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essor pour satisfaire aux demandes considérables venues de l'inté-

rieur, et de l'étranger. Pour nous borner à ce qui concerne l'industrie du fer, on peut constater qu'en 1872, la production de la fonte, en France, a regagné le chiffre maximum qu'elle avait atteint en 1869, que la production du fer a dépassé de i p. 100 le chiffre le plus élevé de 1869 et que la fabrication de l'acier a été portée de 52.000 tonnes à 138.0.0, soit 165 P. 100 d'augmentation.

Si l'on calcule la quantité de houille qui a dû être consommée, dans

cette même année 1872, par l'industrie du fer, en tenant compte de la proportion nécessaire à. la fabrication du coke métallurgique, on trouve qu'elle a dû dépasser 6 millions de tonnes, c'est-à-dire 58 p. 10o de la production totale du pays. L'exportation a joué un rôle manifeste dans ce mouvement. En effet, tandis que la quantité de fer, fonte et acier, exportée par la France, était en 1868 de 180.000 tonnes et, en 1869, de 253.000, elle s'est élevée, en 1872, à 275.000 tonnes. Les demandes des États-Unis entrent pour une part notable dans ce résultat, comme on peut le constater par l'exemple suivant : le bassin de la Loire, qui, pendant les quatre premiers mois de 1870, avait fait avec les Étals-Unis pour 27...0 francs d'affaires, a atteint le chiffre de 899.000 francs, pendant la même période de 1872, pour s'élever à 1./.1/15.000 dans les quatre premiers mois de 1873.

Influence de l'industrie sucrière. Voilà donc l'influence de la métallurgie bien constatée en France : mais ce n'est pas tout et il y a bien d'autres industries dont il faut faire la part dans cette demande extraordinaire dB charbon qui s'est produite en 1872 et 1873. C'est ainsi que la fabrication du sucre de betterave a atteint, dans chacune de ces deux années, le chiffre de 400.000 tonnes de sucre brut, correspondant à une consommation de 1.hoo.000 tonnes de houille.

Et, si l'on songe que l'industrie du sucre indigène est presque exclusivement concentrée dans le nord de la France, que, par conséquent, ses demandes ont pesé exclusivement sur la production de la Belgique et sur celle du Nord et du Pas-de-Calais, on comprendra l'influence que pouvait exercer cette demande, coïncidant avec celle de la métallurgie et se produisant en très-peu de temps, puisque la campagne des fabricants de sucre doit être terminée en trois ou quatre mois. Est-il besoin de parler du développement toujours croissant de la navigation à vapeur, dont la consommation de charbon, en France, s'est élevée de 5o.00n tonnes, en 1859, à ii6.000 tonnes, en 1871, des progrès de l'éclairage au gaz et du chauffage domestique à la houille?