Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 138]

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ENQUÉTE SUR L'ÉTAT

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DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANCE.

en France (le coke étant remplacé par la quantité correspondante de houille crue), les chiffres suivants 1870.

5.697.000 tonnes.

1871

5 664.000 7 846.000 7 675 000

1878 1873

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Ainsi, dans les deux années de la crise, 1872 et 1873, le chiffre des importations a été supérieur au chiffre de 1869, et il y a eu déficit seulement en 1870 et 1871 ; ce déficit atteint, pour les deux années ensemble, relativement à , 869,1e chiffre de i.5oo.000 tonnes.

M est intéressant de se rendre compte des effets que pouvait produire un pareil déficit. Or les documents publiés par le comité des maîtres de 'forges de France permettent d'évaluer la diminution de la production du fer et de la fonte en France, depuis le mois de juillet 1870 jusqu'à la fin de 1872, à environ 800.000 ton-

nes, correspondant à une consommation de houille de plus de .2 millions de tonnes. Ainsi la diminution survenue, par le fait de la guerre, dans l'activité de l'industrie métallurgique, suffit et au delà pour compenser entièrement le déficit des importations étrangères, et, comme il est évident que l'industrie métallurgique n'a pas été seule affectée par les événements de 1870,871 et qu'une perturbation non moins grave a sévi sur toutes les autres indus-

tries qui consomment la houille, il devient manifeste que, si la France n'avait pas subi l'influence des marchés étrangers, elle n'aurait trouvé par elle-même aucun motif à la rareté ni. à la hausse du charbon. Exportation.Pour épuiser cet ordre de considérations, il convient de dire un mot d'une opinion qui a cours dans le sud-est de la France et d'après laquelle une part, tout au moins, dans la hausse du charbon, doit être attribuée à l'augmentation de l'exportation des houilles françaises vers l'Italie. Il est très-vrai que, depuis l'ouverture du souterrain du mont Cenis, la quantité de houille exportée de France en Italie a passé de 95.000 tonnes, en 1869, à 156.000 tonnés en 1872 et 276.000 tonnes en 1873. Mais ce

chiffre est si peu considérable, relativement au total de l'extraction des bassins de la Loire, du Gard et des Bouches-du-11hône, qu'il est impossible d'attribuer à l'exportation italienne une influence sérieuse sur l'élévation du cours des charbons. Influence de l'industrie métallurgique.En somme, l'origine de la crise houillère n'a aucun rapport direct avec la guerre francoallemande et, comme on vient d'établir qu'elle ne pouvait pas ré-

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sulter d'une insuffisance dans la production ou dans les importations, il est évident que c'est dans les circonstances normales de la consommation industrielle qu'on en doit chercher l'explication. I,à encore le rapport de la commission anglaise va nous fournir les documents les plus précieux. Il établit, en effet, que, pendant la période de la crise, toutes les branches de l'industrie ont joui, en Angleterre, d'une prospérité jusque-là sans exemple. Mais il

en est une, entre autres, dont le développement a atteint tout d'un coup des proportions inouïes, c'est l'industrie du fer et de la fonte. De 2 8.500.00o tonnes de houille qu'elle consommait en 1867, elle s'est élevée à 38.500.000 tonnes en 1871 et 58.200.000 tonnes en 1872, ce qui constitue, relativement à 1867, une augmentation de 56 p. 100 en 1871 et de 35 p. 100 en 1872. Ainsi la consommation de fa houille destinée aux usages métallurgiques,

et employée tant à l'état cru qu'a l'état de coke, s'est accrue de plus d'un tiers.

Or cette consommation de 38 millions de tonnes représente 3, p. 100 de la production totale du pays et près de 35 p. 100 de sa consommation (l'exportation en 1872 s'étant élevée à ma millions de tonnes). Le rapport de la consommation métallurgique à la production n'était, en 1867, que de 27 p. '00. Est-il besoin d'insister sur les conséquences d'une pareille augmentation se produisant en quelque sorte subitement ? Ces conséquences sont évidentes

d'elles-mêmes et la hausse du charbon se trouve amplement expliquée. Quand le prix de la tonne de fonte passait, en une année,

,50 francs, il était tout naturel que le coke, dont le prix 'entrait primitivement pour ,8 francs dans le prix total du

de 62',50 à.

produit fabriqué, s'éleviit de ,5 francs en 1871 à 5, francs en 1872. Même à ce taux, il restait encore au fabricant une marge de bénéfice très- suffisante. Il n'est donc pas étonnant que le coke et, avec lui, la houille aient subi le mouvement de hausse si prononcé que

nous avons antérieurement analysé. Et cela est si vrai que la baisse notable survenue sur le prix des charbons, à la fin de 1873, a coïncidé avec une diminution sensible de la production métallurgique en Europe. Il reste à établir à quelle cause est dû ce développement exceptionnel de l'industrie métallurgique. Les statistiques anglaises vont encore répondre à cette question. Les exportations de fonte, qui étaient en 1867 de 567.000 tonnes, représentant 12 p. 100 de la production, se sont élevées, en 187, à 1.057.000 tonnes et, en 1872, à 1.535.000 tonnes, soit respectivement ,6 p. 100 et 20 p. ,o0 1_17.000 la production. Pour ce qui concerne le fer laminé, de.1