Journal des Mines (1814, volume 35) [Image 231]

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CÔTES DE LA CilARENTE-INFRIEURE

profondes pour approcher du niveau des basses. mers.

- On a fait mention de quelques-uns de ces bancs, et j'en ai vu moi-même un. qui montrait

des couches horizontales à- sept mille toises de distance de la côte, dans le canal de la Banche, sur la rive gauche de la Sèvre niortaise. Ceuxlà n.e paraissent pas extraordinaires, parce qu'il semble qu'à la rigueur ils auraient pu naître dans les eaux de l'Océan moderne. Cependant il est certain qu'on a vu aussi de " grands ,amas de ces mêmes huîtres, à quatre pieds seulement au-dessous du sol, dans le ma-

rais de Vix, et dans celui de la Bourse de

Chuix , sur la rive droite de la Sèvre, à 12 et 15 mille toises du rivage. On en a même reconnu jusqu'à la surface du sol dans plusieurs parties du desséchement de Saint-Michel en l'Henri. Or, l'origine de ceux-ci peut être fort

différente de celle des précédens , s'ils sont véritablement des sommets de bancs naturels ou réguliers ; dans ce cas, . comme ils se trouvent fort mi-dessus des bancs d'huîtres vivantes, ils n'auraient pti se former dans la mer actuelle ;

ils seraient peut- être contemporains de nos buttes , oit du moins ils auraient dû naître un peu avant que la mer fût descendue au niveau

qu'elle occupe maintenant. Cependant ces derniers amas appartiennentils bien à dés bancs réguliers ? n'ont-ils point été produits par l'agitation des flots de la mer

actuelle qui aurait amoncelé ces coquilles ? C'est ce que je n'ai pas encore eu l'occasion

de vérifier suffisamment ; mais je n'ai presque ,pas lieu de douter qu'ils n'aient été formés dans

Er-DE LA VENDL'E.

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des circonstances semblables à celles de nos buttes, et qu'ils n'en diffèrent que par leur peu

d'élévation (/). Ces amas couverts de gazons et entourés de terres vaseuses qui les masquent très-souvent, semblent, au premier abord, de bien peu d'importance; on les regarde à peine , parce que les bestiaux les foulent aux pieds ; cependant ils prouveraient évidemment, s'ils sont réguliers, que la mer était alors de i4, 15 ou, 16 pieds plus élevée qu'elle ne l'est à présent : ce se-

raient des indices et même des repaires qui pourraient faire juger de la retraite progressive .des

eaux. Ils méritent donc certainement d'être examinés de nouveau. Ce n'est ici ni le volume des masses, ni leur hauteur absolue qui doivent fixer particulièrement l'attention : c'est

leur structure intérieure, c'est leur hauteur

(i) Le père Arcère a dit que «près de Luçon , à 1900 toises » de la Vieille Chenea.0 , on voit deux buttes dont le massif » est d'écailles arrangées avec symétrie , comme celles de

» Saint-Michel. » Ici la régularité paraît positive, mais il n'en donne ni la hauteur , ni Pétendue , et l'on ne sait d'ailleurs oà 'trouver cette Vieille Cheneau. Quoi qu'il en soit , plusieurs personnes qui parcourent depuis trente ans ces marais , m'ont assuré qu'il n'y existe d'autres buttes, proprement dites, que celles que nous venons d'examiner, mais elles avaient aperçu çà et là, et notamment près de Saint-Miche!, beaucoup de coquilles soulevées par la charrue , et se rappelaient très-bien d'avoir vu, dans le communal de Luçon, deux amas ou bancs d'huîtres qui s'élevaient de huit à dix pouces au-dessus du sot, et qui sont probablement ceux dont le père Arcère a voulu parier enfin elles avaient remarqué, à la tête du canal de cette ville, un troisième amas qui était à fleur de terre.