Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 148]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

27O

DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

et réchauffe, tandis que l'hydrogène doit enlever le soufre et le phosphore. Les premières expériences ont été faites à Decazeville, il y a deux ou trois ans, puis un appareil plus grand a été établi, l'hiver dernier, à l'usine de Montataire. L'appareil se compose de deux fours à réverbère accolés, chauffés chacun au gaz d'un générateur. L'air chaud et le gaz arrivent à la façon ordinaire, par une double batterie de tuyères à chalumeau (Pl. XII, fig. i et 9 ) . Entre les deux fours se trouve un compartiment rempli de coke incandes-

cent, ayant la même largeur que les fours et séparé de chacun d'eux par un petit mur en briques à jour. La sole des fours est formée d'une caisse en tôle forte, portée par un chariot en fer, comme les coupelles anglaises pour l'affinage des plombs crceuvre. La caisse est garnie à l'intérieur de brasque battue argilo-charbonneuse. Le gaz, qui doit chauffer le double four, arrive alternativement par l'une ou l'autre batterie. S'il est fourni par la batterie de droite, les produits de la combustion se rendront au four de gauche et de là à la cheminée, en passant au travers du compartiment à coke incandescent. Là, l'acide carbonique se transforme en oxyde de carbone, en sorte que l'atmosphère gazeuse du four de gauche sera plus réductive et moins chaude que celle du four de droite. Lorsque la différence de température des deux fours devient

trop grande, on change le sens du courant gazeux, en sorte que chaque four reçoit tour à tour un courant de gaz chauds en combustion et de gaz rendus- réducteurs. Les deux soles sont chargées de fonte. A Montataire, les charges sont de 600 kilogrammes par bassin de i mètre de côté, en sorte que le bain de fonte a om,i o de profondeur. Dans chaque bain plongent deux tuyères inclinées à 45 degrés, disposées comme celles des fineries anglaises, si ce n'est qu'elles sont toutes deux placées dans la même face du four. Elles sont en terre réfractaire et peuvent être immer-

gées ou retirées séparément, à l'aide d'une crémaillère.

271

DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

Chacune d'elles se compose d'ailleurs de plusieurs buses parallèles, faisant corps les unes avec les autres. On souffle

ainsi tour à tour, par l'une des tuyères, du vent chaud,

par l'autre, des gaz hydrogénés. Ceux-ci se préparent dans une sorte de cubilot, chargé de houille et soufflé par un mélange d'air et de vapeur d'eau. Les gaz produits se composent donc en réalité d'azote, d'oxyde de carbone et d'hydrogène plus ou moins carburé. On les conduit dans un gazomètre, d'où une machine souelante spéciale vient les aspirer pour les lancer, au travers d'un calorifère, dans le bain de fonte. Le gaz du générateur est de plus désulfuré, par la chaux, comme le gaz des villes. En résumé, celui des deux fours, où se produit la combustion, reçoit en même temps le courant d'air plongeant, tandis que l'autre, dont l'atmosphère est réductive, reçoit par ses buses le gaz hydrogéné. On affine ainsi simultanément deux charges, ou plutôt, on les soumet alternativement à l'action de l'air et des gaz réducteurs ; en sorte que si ces derniers enlèvent réellement le soufre et le phosphore, il doit être possible d'affiner, par ce procédé, des fontes moins pures que celles que l'on traite dans l'appareil Bessemer. Malheureusement l'essai n'a pu encore être réalisé d'une façon complète. Les deux machines soufflantes ne sont pas assez puissantes, à Montataire, pour que l'on puisse injecter à la fois l'air et les gaz hydrocarbures. Il a fallu se borner jusqu'à présent à l'affinage ordinaire par l'air, en laissant tour à tour reposer l'un des bains pendant quelques minutes. L'opération, ainsi conduite, diffère alors peu du travail pratiqué dans la cornue Bessemer, et au fond on obtient des

produits à peu près identiques. La coulée se fait par une percée ordinaire, dans la paroi opposée à celle des tuyères, et l'acier est reçu dans un chaudron distributeur, semblable à celui des usines Bessemer. L'affinage proprement dit dure en moyenne à peu près une demi-heure. Toi E XII, 1867.

/8