Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 146]

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

Sheffield même, sous les yeux d'une commission d'ingénieurs italiens (*)-. M. de Cizancourt a fait connaître, dans les Annales des mines, le rapport de ladite commission (**)

Je n'y reviens pas ; mais j'ajouterai qu'a la suite de ces essais un atelier Bessemer a été établi, par M. Ponsard, à Piombino. Quelques produits, qui en proviennent, figu-

raient à l'exposition. Appareils Bessemer en Amérique. -Enfin, disons encore, que le procédé Bessemer a aussi pris racine en Amérique, aux États-Unis. Les excellents minerais du lac Supérieur donnent spécialement des fontes à acier. Telle est, en résumé, la situation actuelle de la fabrication de l'acier par le procédé Bessemer. Voyons maintenant ce qui lui Manque encore. Défauts du procédé Bessemer.

Moyens d'y remédier.

Le défaut de cet affinage est de ne pouvoir s'appliquer aux

fontes sulfureuses et phosphoreuses. L'opération marche trop vite, la température est trop élevée, les scories sont trop siliceuses pour que le soufre et le phosphore puissent être éliminés. Que faut-il donc faire pour se débarrasser de ces substances ? M. le professeur Wedding propose, dans son mémoire (***) , de chasser les scories hors de l'appareil par l'action du vent,

avant la fin de la réaction décarburante. Mais on ne pourra jamais enlever ces scories complétement, et si elles sont siliceuses, l'acide phosphorique ne saurait s'y maintenir. Il vaudrait mieux expulser le phosphore par une sorte de mazéage pratiqué à part, soit au réverbère, soit au bas-foyer. Seulement, comme le silicium est oxydé en même temps, (*) Industria del ferro in Italia. Torino 18611, p. 386. () Annales des mines, 6' série, t. IV, p. 231. (***) Journal des mines de Prusse, t. II, et Journal des mines

d'Autriche, t. XV.

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la première période de l'affinage Bessemer s'en trouvera raccourcie ; par suite, la température du métal sera plus faible. Il pourra en résulter des engorgements ou des explosions. Pour avoir une allure plus chaude, il faudrait donc liner la fonte à une très-haute température, dans un four Siemens, avec des additions de chaux et d' oxyde.de manganèse, puis conduire le fine-métal directement de ce four à la cornue Bessemer. On pourrait aussi traiter d'abord, dans l'appareil Bessemer, une certaine quantité de fonte non phosphoreuse et n'y ajouter la fonte phosphoreuse finée que peu avant l'instant où doit commencer la période de réaction. Néanmoins, on ne pourra jamais réaliser ainsi une épuration complète. Le métal produit sera de qualité ordinaire ; et, en tous cas, on devra plutôt préparer du fer doux homogène que de l'acier proprement dit. Mais, à dose égale de phosphore et de carbone, ce fer doux fondu sera pourtant plus tenace, à cause de son homogénéité même, que le fer puddlé ordinaire soudé et corroyé. On peut

donc espérer qu'on parviendra aussi à affiner un jour les fontes ordinaires par voie de fusion. En tout cas, on peut y parvenir par le procédé Parry, que j'ai déjà mentionné, et sur lequel j'aurai bientôt à revenir. Diverses personnes ont espéré obtenir l'expulsion du soufre et du phosphore par l'hydrogène. Les hydrogènes sulfurés et phosphorés sont peu stables à la température ordinaire, et, à priori, il semble qu'ils ne puissent se former en présence du fer. Mais aux températures élevées les réactions sont souvent très-différentes, et deux corps volatils resteront plutôt liés entre eux au rouge blanc qu'un élément volatil et un élément fixe, tels que le phosphore d'une part, le fer de l'autre. Ainsi on sait que la vapeur d'eau, en passant au rouge sur la pyrite de fer, dégage de l'hydrogène sulfuré. La réaction se produit même lorsque le soufre est uni au fer en très-faible dose. M. Boussingault a constaté, en effet, qu'en faisant passer de la va-