Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 27]

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INFECTION DES EAUX.

8 mètres de haut; de là, ils vont souterrainement, au point culminant de la surface à irriguer. Des rigoles ouvertes par un simple trait de charrue permettent de distribuer à volonté les eaux sur toutes les parties du terrain. On a ainsi 6 hectares, dont 5 arrosés chaque année. La moitié irriguée porte des betteraves, tandis que l'autre moitié reçoit une fumure de tourteaux de colza et porte du blé. Malgré les frais d'installation et la force motrice, M. Pluchet nous disait trouver de l'avantage à cette combinaison. Il signale, en outre, un fait intéressant, à savoir que les betteraves venues sur la partie arrosée sont exemptes de la maladie. Les industriels qui ne veulent pas faire la dépense d'une pareille installation, chargent simplement leurs eaux dans des tonneaux et les apportent sur les terres, où on les répand à la lance. Quelquefois on s'en sert pour arroser les fumiers. L'épuration par la chaux est pratiquée dans des établis-j sements dont les conditions naturelles ne permettent pas l'emploi de moyens agricoles. Voici, par exemple, comment opèrent, à Marquette-les-Lille, MM. Lesaffre et Bonduelle, dont la sucrerie et la distillerie passent pour être des mieux tenues. Le volume quotidien des liquides à évacuer est d'environ 1. 200 hectolitres. Les eaux provenant du lavage des betteraves sont reçues dans un bassin où elles séjournent vingt-quatre heures, de façon à abandonner la terre et les débris organiques dont elles sont chargées. Elles s'écoulent ensuite à la Deule, à peu près clarifiées. Le dépôt boueux constituant un très-bon engrais est offert aux agriculteurs, qui n'ont pas su encore en apprécier les avantages. Les vinasses de la distillation sont amenées bouillantes dans

ubassin de 18 mètres de long, 4 mètres de large et in',20 de profondeur, contenant un lit de chaux vive, dans la proportion de kilogramme par hectolitre de liquide. On brasse .rapidement le mélange et on l'écoule aussitôt dans deux autres bassins, de même dimension, où le dépôt se forme. Les bassins sont en maçonnerie parfaitement étau-

DISTILLERIES, SUCRERIES, FÉCULERIES, AMIDONNERIES.

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che. Les déversoirs de superficie établis sur toute la largeur

à l'aval de chacun d'eux, sont surmontés d'une pierre de taille dont la crête est exactement horizontale. Une planche

en chêne, de 25 centimètres de large, plongeant à moitié dans l'eau, est établie en avant de chaque déversoir, de manière à arrêter tous les corps flottant à la surface. Il y a deux séries de bassins pareils qui alternent. On les cure à vif tous les dix ou douze jours, et le produit est vendu à bas prix, comme engrais. Dans les départements du Midi, les distilleries de vins sont ordinairement des établissements agricoles. Toutefois, les vinasses n'y sont pas employées pour l'arrosage des terres

à cause de leur acidité naturelle. On les évacue dans les fossés et les ruisseaux, qu'elles infectent extrêmement. Quelques industriels, en tête desquels il convient de placer M. Marès, qui est à la fois distillateur, agronome et membre du conseil d'hygiène de l'Hérault, ont essayé d'amener leurs compatriotes à saturer les vinasses avec de la chaux, pour

utiliser ensuite, séparément, les dépôts terreux et les liquides désacidifiés. La pratique ne diffère pas d'ailleurs, sensiblement, de celle que nous venons d'indiquer pour le département du Nord. M. Mares brasse 2 kilogrammes de chaux vive avec i hectolitre de vinasse bouillante, et il fait déposer le mélange dans un deuxième bassin, d'où la vinasse est évacuée après refroidissement. M. II/Tarés a essayé en grand d'un mode d'utilisation dont il s'est bien trouvé, lequel consiste à saturer avec cette vinasse des terres légèrement argileuses, qu'on laisse ensuite dessécher pour les imbiber de nouveau. Le terres ainsi traitées se nitrifient énergiquement pendant les jours d'été et se transforment en engrais actifs. Cet exemple n'a pas eu beaucoup d'imitateurs, bien que le conseil d'hygiène de l'Héraut l'ait vivement recommandé aux populations. Il est, vrai que la distillation des vins s'est ralentie dans ces contrées pendant les dernières années, ce qui a diminué l'intérêt de la question. TOME X, 1866.

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