Journal des Mines (1797-98, volume 7) [Image 195]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

THÉORIE DES FILONS, de tassement et la rupture de l'équilibre , comme cela paraît certain aux yeux de Verner et aux miens, il faut absolument admettre non-seulement la grande catastrophe dont j'ai parlé plus haut, et qui a découvert les premiers continens, mais encore les trois 3 7°

autres stations et les trois autres débâcles successives

de la mer , qui m'ont paru également attestées par quantité de faits, indépendamment de celui-ci, qu'on

ne peut pas attribuer à d'autres causes : en effet, , comme je l'ai fait voir , chacun de ces grands torrens n'eût pas été un nouveau baissement de la mer , s'il n'eût pas élargi et approfondi les n'en eût pas creusé de noupremières ravines, velles en travers et à la place des montagnes, si elles n'eussent pas ainsi perdu leurs contre-forts , elles ne se seraient jamais trouvées en porte-à-faux, poussant au vide et au point de se fendre en filons,

même de se renverser tout-à-fait , comme il est arrivé à grand nombre. 6.° Il semblerait donc, fort inutile d'observer que dans , cette dernière cause ou formation des filons , ainsi que des montagnes et des vallées, et dans ces deversemens qui ont donné aux couches toutes les inclinaisons imaginables , on ne peut voir que les effets de la pesanteur; qu'elle n'a agi de côté que parce qu'elle agissait de haut en bas ; et qu'aujourd'hui nous n'y trouverions même aucune preuve certaine d'aucun mouvement quelconque , si des masses et des parties de masses n'étaient pas descendues diversement et les unes plus bas que les autres. Cependant l'opinion toute contraire semble ici prévaloir , d'après celle du célèbre Saussure, qui explique tout cela par des forces centrifuges, qui n'y voit que des mouve-

PAR LE C. BERTRAND. 37i mens de bas en haut, enfin des masses ou parties de tuasses qui ont été soulevées les unes plus que les autres ; mais je crois avoir prouvé en plus d'un

endroit, sur-tout ch. XXXVII , que c'est là une des grandes illusions qui arrêtent les progrès de la géologie , la Mère de toutes les sciences natiirel les

Au surplus , j'adopte et j'admire les conclusions du commentateur de Verner. Bien différent de tant d'autres savans géologues, qui, offusqués par quelque routine, ou par quelques opinions dominantes, ou par leur propre érudition , repoussent tout ou-

vrage qui leur paraît systématique , et se bornent' obstinément à entasser ce qu'ifs appellent des faits,

il sent et il démontre que le meilleur observateur travaille presque en pure perte , s'il n'a pas pour guide et pour but quelque plan raisonné de l'édifice qu'il s'agit de relever sur ses propres restes ou premiers fondemens , et avec ses propres débris

si, par quelque système général ou du moins'partiel , il ne sait pas lier ensemble et ses idées et ses observations sur l'état originel de tant de maté-

riaux, sur la place qu'ils ont dô occuper depuis la base jusqu'au plus haut du comble ; enfin , sur les causes ou accidens qui, ont pu détruire leur premier assemblage , les disperser et changer la ,

nature , la forme, ou l'apparence de chacun d'eux.. Ce moyen est effectivement le seul par lequel nos observations puissent devenir des faits. Si dans ma nouvelle géologie , je n'ai pas réussi à,

faire sur tous les points la meilleure application de ce grand principe, je puis dire au moins que je m'y suis attaché très-fidellement , qu'il a même été ma seule règle , sans aucun égard aux autorités A a.