Journal des Mines (1795-96, volume 3) [Image 188]

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par l'acide du soufre, et on en retire ensuite le cuivre, en y plongeant des morceaux de fer qui s'y dissolvent entièrement.

Mais ce procédé s'applique avec encore plus de succès à l'eau qu'on retire du fonds de la mine,

et qui est saturée de vitriol de cuivre. Cette eau. étant extraite par des pompes , on la distribue dans plusieurs fosses rectangulaires de 36 pieds de long,

sur 12 OU 15 de large et zo pouces de profondeur. Il faut alors, dans le langage des adeptes, que Vénus donne un rendez-vous à Mars, c'esti-dire , en bon français qu'on jel te dans les fosses une certaine quantité de fer, n'importe de quelle qualité ; de vieilles marmites , des ancres, de la feraille , tout est propre à cet usage. Cependant les intéressés ont trouvé plus commode d'acheter des plaques de 4. pieds de long, r pied et demi de large, et 9 Lgnes d'épaisseur. Aussitôt que le fer est plongé dans la dissolution cuivreuse , le cuivre commence à se précipiter et le fer à se dissoudre. On-a soin de retirer souvent les plaques ou le vieux fer, pour détacher le cuivre qui en recouvre la surface, et l'on répète cette opération jusqu'à ce que tout Je fer soit converti en ocre jaune. Dans cet état , le cuivre est presque pur, et il se vend dee-iu.s 25 jusqu'à livres sterling le tonneau. Ce procédé est bien loin d'être nouveau ; il y a foi t long-temps qu'on en fait usage dans la mine de Wiclow en Irlande , et il est pratiqué depuis plus d'un siècle dans celle de Herrn-Grund en Hongrie, où l'on nomme le cuivre obtenu de cette manière, cernent - hipfer en français , cuivre de cémentation. L'eau des mines de Hongrie est même beaucoup

plus chargée de cuivre que celle de Parys-M oun tr: in

là, l'opération est terminée en quinze ou vingt

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jours, tandis qu'il faut environ deux mois dans les mines d'Anglesey. Dans quelques pays étrangers, on plonge dans les eaux vitrioliques , des morceaux de fer de différentes formes ; et après les avoir complètement changés en cuivre , on n fait présent aux curieux. L'exploitation de ces mines ne se fait pas 'régulièrement suivant les principes de l'art du mineur on en détache le minéral , comme on extrait des pierres d'une carrière. On a formé sur le banc de minerai une tranchée à ciel ouvert , qui a environ

oo yards de longueur, 40 de largeur et 24. de profondeur. Les extrémités de cette tranchée sont prolongées par des galeries souterraines, soutenues par des massifs de minerai et par des voûtes magnifiques formées de la même matière. Ces galeries serpentent sous terre jusqu'à une grande distance. On se propose d'attaquer par la suite ces piliers et le toit des galeries , et l'on en retirera des milliers de tonneaux de minéral. Les parois de la tranchée sont taillées à pic dans presque toute leur étendue ceux qui ont la curiosité de visiter les travaux, sont obligés de descendre d'abord, à l'aide d'une corde, par de petits escaliers taillés dans le roc métallique;

ils trouvent ensuite des échelles au moyen desquelles ils parviennent au fond de cette immense cavité. Des plates-formes de bois sont projetées sur les bords de l'excavation ; on y a placé des treuils pour

descendre les ouvriers le long des faces verticales de ce précipice. Suspendus ainsi en l'air par des cordes , ils commencent leur travail par pratiquer dans le rocher, avec leur pic, un petit espace oà

ils puissent avoir pied; ensuite ils détachent de grandes masses de minerai, qui tombent avec un grand bruit au fond de la tranchée. Ainsi placés,