Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 103]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. SAUVAGE.

partie de l'administration russe, ont amené la compagnie

Membre de la commission chargée pendant le siège de Paris d'étudier les moyens de transport relatifs au ravitaillement, Sauvage remplit cette mission sans se faire d'illusions sur le dénoûment qui était réservé à une courageuse

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à rétrocéder au gouvernement une partie de la concession et à n'exécuter que la moitié de son réseau, la moins 'productive ; mais on peut affirmer que rien ne serait venu démentir la juste confiance que Sauvage avait contribué à inspirer aux fondateurs dans le succès de cette uvre, s'il eût été donné à la compagnie de la compléter suivant les bases convenues avec le gouvernement russe. Cependant le conseil d'administration de la compagnie de l'Est, qui avait eu l'heureuse inspiration d'attirer Sau-

vage à elle, reconnaissait la nécessité de fonder l'unité d'action qui est nécessaire à toute vaste entreprise et de concentrer dans les mains d'un directeur les, pouvoirs qui jusqu'alors étaient restés divisés entre plusieurs de ses membres. Pour réussir dans cette transformation, elle ne pouvait hésiter dans son choix ; elle lui offrit cette haute fonction avec autant de confiance qu'elle en avait antérieurement éprouvé en lui proposant un poste moins élevé. Cédant à des sol-

licitations qui ne durèrent pas moins de deux années, Sauvage prit, le 1" mars 1861, les fonctions de directeur de la compagnie de l'Est qu'il conserva jusqu'à sa mort.

Pendant cette période, 800 kilomètres de voies nouvelles furent exécutés et, résultat bien rare dans la construction des chemins de fer, les dépenses restèrent dans les prévisions. Sous cette excellente direction, la, compagnie arriva à un état de prospérité des plus satisfaisants. On sait les efforts considérables et patriotiques qu'il a fallu déployer au moment de la guerre pour. transporter rapidement sur les frontières l'armée et son matériel, et bientôt après, à la suite des revers, pour eu ramener les débris vers le dernier centre de résistance. Il convient de reconnaître le mérite qui en revient à celui qui donnait l'impulsion, sans nuire à la part due à ses collaborateurs et aux nombreux agents qui exécutaient ses ordres avec tant d'intelligence, de dévouement et de courage.

défense.

Parmi les mesures qui attestent la sollicitude constante dont le personnel de la compagnie de l'Est tout entier était l'objet de la part de son premier chef, il en est une dont le souvenir subsistera longtemps et excitera la reconnaissance d'un grand nombre de familles. Ihte caisse de retraite, qui. avait été fondée en /855, ne donnait que des résultats illusoires ; l'une des premières pensées du nouveau directeur fut de la reconstituer sur des bases nouvelles et dans des conditions efficaces. Au moyen d'Une faible retenue sur le traitement de chaque employé, la caisse, à partir du 1" jan-

vier 1802, lui assure une retraite convenable à l'âge de cinquante-cinq ans et après vingt-cinq ans de service. Cette caisse est l'une des premières qui aient été établies d'une manière aussi favorable.

A raison des positions qu'il occupait dans l'industrie, Sauvage restait depuis longtemps en congé illimité, et, par suite, s'était vu privé d'avancement dans le corps des mines.

Il était donc depuis vingt-deux ans ingénieur en chef de deuxième classe, lorsqu'a la suite des services exceptionnels

qu'il venait de rendre au pays, il devint dès lors possible de l'élever à la première classe de son grade, ce que 'fit un décret du 26 janvier 1871. Nommé dans la Légion d'honneur au grade de chevalier,

le 26 avril 1846, il avait été fait officier le Si mai 1851, et promu commandeur le 20 septembre 1868. La répugnance que Sauvage éprouvait pour les fonctions politiques dut céder devant l'insistance de ses amis et des hommes d'ordre. Il se décida à se laisser porter comme candidat dans le département de la Seine, à l'Assemblée nationale, où il fut nommé le 8 février 1871 par 102.672