Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 82]

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ACCIDENTS PAR ASPHYXIE DANS DES CONDUITES DE GAZ.

ACCIDENTS PAR ASPHYXIE DANS DES CONDUITES DE GAZ.

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pas après le temps voulu, un de ses camarades se met à sa recherche, le trouve sans mouvement, enfoui dans la suie, et tombe en appelant au secours. Deux ouvriers entrent aussitôt dans le tuyau, et, après avoir ramené le premier près de l'entrée, s'affaissent eux-mêmes suffoqués. Les deux derniers hommes du poste, revenant à ce moment pour reprendre leur tour de travail, tirent au jour la plus proche des quatre victimes, qui reprend bientôt ses sens mais, au lieu de continuer le sauvetage, ils courent éperdus par l'usine et rencontrent le fondeur Noiry qui, sans souci du danger, pénètre résoltiment dans la conduite et ramène l'un après l'autre les trois ouvriers asphyxiés,

ouvre les trous d'homme, ainsi que les regards placés de 4 en 4 mètres le long de la génératrice inférieure de la conduite-maîtresse. C'est le ramonage de cette dernière qui a causé l'accident du 24 novembre 1872 : il a coûté la vie à un ouvrier, qui y est tombé frappé d'asphyxie. Les ingénieurs attribuent la mort de la victime, soit à l'action vénéneuse de l'oxyde de carbone contenu mécaniquement dans les cadmies, soit plutôt à l'obstruction des voies respiratoires par la poussière de ces dépôts, composés de cendres de coke et de chaux caustique.

l'entrée ; ces deux derniers n'ont pu etre rappelés à la vie. Noiry a été honoré d'une médaille d'or. Les ingénieurs n'ont pu déterminer exactement ni la

Ces deux accidents, survenus à un intervalle de dix mois, démontrent le danger du nettoyage des grandes conduites

dont l'un gisait à 18 mètres et un autre à 25 mètres de

nature ni la source des gaz délétères, qui ont envahi la conduite après son complet refroidissement. Ils pensent

qu'un des ouvriers aura crevé quelque poche emprisonnée dans le goudron, et que cette poche contenait de l'hydrogène carboné et de l'oxyde de carbone, gaz essentiellement vénéneux.

DEUXIÈME ACCIDENT.

Un accident tout semblable au précédent est arrivé dans

une conduite de i mètre de large, recueillant les gaz chauds des hauts- fourneaux de l'usine de Terre-Noire pour les conduire aux chaudières à vapeur et aux appareils à chauffer l'air des souffleries. Ces gaz déposent des cadmies, dont une partie est pulvérulente et dont l'autre adhère assez à la tôle pour qu'on soit obligé de piquer l'intérieur des tuyaux. Pour faire le nettoyage, qui a lieu toutes les quatre ou cinq semaines, on arrête le vent des hauts-fourneaux, on ouvre la fermeture hydraulique des gueulards,

on abaisse les vannes des prises de gaz chauds, et l'on

OBSERVATIONS.

de gaz chauds, même les mieux refroidies. Il convient, pour y parer, de multiplier les ouvreaux ou regards, et surtout d'en installer quelques-uns sur l'arête supérieure des conduites. Ces derniers rendront plus facile le nettoyage par l'extérieur, et, de plus, placés en alternance avec les regards inférieurs, ils détermineront des courants d'air emportant rapidement au dehors les substances délétères qui tendent à se dégager des dépôts liquides ou pulvérulents. Il y aurait aussi lieu d'examiner si l'on ne pourrait point lancer utilement dans les conduites des jets d'air ou de vapeur empruntés aux souffleries ou aux chaudières de l'usine.