Annales des Mines (1872, série 7, volume 1) [Image 204]

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TRAVAUX DE M. L. E.

L'administration des travaux publics le nomma souvent aussi membre de commissions auxquelles il apportait une participation sérieuse et dévouée. Les analyses qu'il fut chargé de faire, pour une de ces commissions réunie après la disette des années 1854 et 1855, sont relatées dans une: note intéressante, qui contient des conseils très-utiles sur la manière de rechercher et de constater la nature des fa-

rines employées par la boulangerie et leur quantité par rapport aux pains fabriqués. Tous ces travaux, accomplis dans un espace de temps relativement assez court et en dehors de ses fonctions à l'École des mines, ne pouvaient certainement rester sans influence sur l'organisation de M. Pivot. Malgré une éner-

gie et une force peu communes, il sentait le besoin du repos ; mais, animé de la passion de l'étude, il ne put renoncer à poursuivre avec ardeur des expériences entreprises pour rechercher un nouveau mode de traitement des minerais d'or et d'argent. Ses tentatives, commencées depuis plus de douze ans, finirent par être couronnées de. succès, et il se préparait à soumettre sa découverte au jugement de l'Académie des sciences, lorsque la maladie l'obligea à s'arrêter. M. Rivot, n'ayant pu rédiger qu'une partie de son mémoire, en a confié la fin à M. Moissenet, ingénieur

des mines, qui, juste appréciateur de 1' oeuvre de son ancien professeur, s'est acquitté de cette mission avec le plus grand soin et en suivant religieusement. les notes et les plans de l'auteur (*).

Il est curieux d'y voir à combien de tâtonnements et d'essais M. Rivot s'est livré dans le but d'appliquer aux minerais d'or et d'argent la méthode déjà étudiée par un autre de ses élèves et amis, M. Cumenge, ingénieur des

fi

(') Voir les comptes rendus de l'Académie des sciences, t. 72, 25 (26 juin 1871), et les Annales des mines, 60 série, t.

(1870), p. 1.

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mines pour les minerais de cuivre, et d'arriver à traiter économiquement des substances très-pauvres ou abandonnées jusqu'à ce jour. Des essais, interrompus à diverses reprises, se continuent encore d'après les instructions que M. Rivot avait données, et l'on doit espérer que l'on parviendra à mettre l'industrie d'utien possession d'un moyen facile et peu dispendieux actuellement obligé de négliliser des richesses qu'on est ger. Si sa méthode était adoptée, elle aurait une influence considérable sur la production des métaux précieux. On ne peut malheureusement donner suite à des expériences dont M. Rivot avait commencé à préparer les éléments, au sujet de la formation artificielle des minerais cristallisés; aucune de ses notes écrites n'indique comment il se proposait d'employer les appareils qu'il avait fait construire, et ses idées sont sans doute perdues pour la science. Au milieu de l'année 1868, la terrible maladie à laquelle

M. Pivot devait succomber se révéla subitement et ne laissa, dès le premier jour, aucune espérance aux méde-

cins. M. Rivot était trop instruit et trop éclairé pour s'illusionner sur la gravité de son état, mais il lutta contre le mal, avec un courage et un calme qui ne se démentirent pas et qui faisaient l'étonnement des personnes dont il était entouré. Sans se laisser abattre par les étreintes de la douleur, il voulut descendre de son logement à l'École des mines jusqu'au laboratoire, tant que ses forces lui permirent de s'y rendre avec l'aide de deux amis. Ce laboratoire bu rappelait les travaux dlautrefois, et il y retrouvait des collègues et des compagnons d'études, qui, pleins d'attention, venaient, tout en cachant leurs inquiétudes, lui prodiguer les marques les plus délicates d'attachement et chercher à adoucir ses souffrances. C'est pour nous un devoir de rappeler ici que M. Bigout se montra toujours plein de dévouement pour lui et ne cessa de l'entourer de soins