Annales des Mines (1871, série 6, volume 20) [Image 243]

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INDUSTRIE DES HUILES DE SCHISTE

DANS L'AUTUNOIS.

la tonne. A ce compte, on l'expédierait avec profit à une

frais de fabrication au minimum, en n'employant que des appareils perfeetionnés qui seraient maintenus à peu près constamment actifs, et par suite de soutenir la lutte avec plus de succès. En fait d'ateliers d'épuration, il n'y aurait pas énormément à créer ; car l'usine de Millery (*) a été installée avec beaucoup d'ampleur et de soins. Taxes nouvellement établies sur l'importation du pétrole. La nouvelle loi douanière va avoir incontestablement pour effet d'améliorer la situation des fabricants de l'Antunois. S'ils tiennent à assurer la prospérité de leurs eutreprises, ils ne verront pas seulement dans les taxes plus élevées dont est grevé le pétrole (**) un moyen d'obtenir, sans plus d'efforts, les bénéfices qui leur ont longtemps manqué; mais, instruits par le passé, ileprofiteront de ces bénéfices pour transformer et améliorer le matériel de leurs usines, pour y introduire tous les perfectionnerneuts reconnus pratiques et abaisser le prix de revient. Ils devront se rappeler qu'il n'est d'industrie robuste et définitivement créée que celle qui est en état de vivre par elle-même et indépendamment des circonstances factices résultant du jeu différentiel des impôts, que les taxes de douane récemment accrues dans le but de fournir des ressources au trésor seront essentiellement sujettes à varier et qu'en particulier l'experience ferait probablement bientôt réduire celles dont l'exagération empêcherait le revenu fiscal de grossir au niveau

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distance assez grande. Même de bon schiste d'espèce ordinaire, capable de donner 12 p. 100 d'hydrocarbures, pourrait, je crois-, trouver semblable emploi dans les localités tout à fait voisines, là par exemple où il ne reviendrait pas à plus de 5 francs la tonne ou 6 francs le mètre cube. Utilité d'une réforme commerciale. - Ce n'était pas seulement la partie technique de l'industrie qui avait besoin de réformes. La très-mauvaise tenue du commerce n'a pas peu contribué à aggraver la détresse générale. Quand est venue la concurrence du pétrole et avec elle la grande baisse des prix, très-peu d'exploitants se trouvaient pourvus de capitaux ; car les bénéfices antérieurs avaient presque tous passé en constructions et en agrandissements, .d'ateliers.

Beaucoup d'usines ont travaillé à perte, sans que leurs propriétaires, qui ont longtemps espéré un retour de la hausse, se résignassent au chômage. En ces conditions, la réalisation immédiate des produits a été pour plusieurs une nécessité impérieuse. On a vendu à tout prix, et qui pis est, non pas toujours aux acheteurs définitifs et sérieux, mais,

souvent à des intermédiaires ou courtiers, qui, par leurs offres inconsidérées, précipitaient la baisse, ou en livrant des marchandises inférieures, cléscréditaient les huiles de schiste.

Cette anarchie commerciale semble cependant avoir diminué. L'épuration ne se fait plus qu'en cinq ou six usines,

dont les propriétaires ont leur clientèle et leurs relations directes. Les exploitants de La Comaille , de Poisot , des Abots, de Dracy -Saint-Loup, de Saint-Léger-du-Bois, leur vendent les huiles brutes ou dégoudronnées. Une plus grande concentration de l'industrie et des usines

en des mains fortes et habiles, pourvu qu'elle ne tournât pas à un accaparement complet, serait même, à Mes yeux, une circonstance heureuse et permettrait probablement de relever les prix dans une certaine mesure, le réduire les

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des prévisions budgétaires. (") La construction de cette usine, qui, dit-on, a coûté pics de 1.500.00o francs, a été -une folie, puisqu'elle ne reposait ni sur la possession d'un gisement dont la richesse eût été bien constatée, ni sur des marchés de minerai ou d'huile brute. Aussi jusqu'à présent a-t-elle toujours été en chômage ou en activité très-faible. Elle n'errexisle pas moins et serait très-susceptible d'être utdisée comme atelier d'épuration générale. .

(**) Le pétrole brut paye à l'importation io centimes le kilogramme, le pétrole épuré 52 centimes; l'huile de schiste brute, fabriquée en,France, paye 5 centimes, cette huile épurée 8 centimes.