Annales des Mines (1870, série 6, volume 17) [Image 182]

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DES ACIERS PHOSPHORÉS.

PROPRIÉTÉS

de la première série et Je n° 7 de la seconde série. Ces deux aciers sont tenaces et rigides : la tension élastique maximum est de 65 kilogrammes par millimètre quarré pour les

deux barres, et les charges de rupture atteignent 72 et 66 kilogrammes. Les allongements sous charge sont respectivement 0,019 et 0,041. Ces divers nombres rentrent sensiblement dans les moyennes ordinaires. Il n'en est plus de même lorsqu'on compare les aciers Bessemer doux aux aciers extra-doux préparés au creuset.

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Io, 11, 12 et 14 se contractent de 0,4o à o,48, pour des allongements qui varient de o,o3o à 0,176. On voit donc, en définitive, que le métal Bessemer, obtenu avec les fontes au coke des hématites rouges du Cumberland, est tout à la fois moins tenace et plus aigre que l'acier fondu doux obtenu au creuset par les procédés ordinaires.

En résumé donc, on peut conclure de ce qui précède

Bessemer de l'usine de Barrow sont en général voisines de 5o kilogrammes, tandis que celles des aciers doux fondus

1° Quele phosphore, dans la proportion de 0,002 à o,003, rend les aciers rigides et élastiques; il accroît leur tension élastique et leur résistance vive de rupture, sans modifier leur dureté. Mais ces aciers, même peu carburés, manquent de corps ; ils sont aigres sans être durs ; 2° Pour apprécier ce manque de corps, les épreuves par simple traction et la pression transversale sont insuffisantes; il faut nécessairement avoir recours aussi aux essais

au creuset sont le plus souvent supérieures à 6o kilo-

par le choc.

grammes. Mais ce qui caractérise spécialement le métal Bessemer

3° Le métal Bessemer doux, obtenu dans l'usine de Barrow avec les fontes d'hématites du Cumberland, est moins tenace, moins élastique et plus aigre que les aciers doux, ou extra-doux, préparés à Sheffield au creuset par les procédés ordinaires.

La tension maximum élastique des aciers Bessemer de Barrow ne dépasse pas 46 kilogrammes par millimètre quarré et descend parfois jusqu'à 3o kilogrammes, tandis que celle des aciers doux ordinaires est rarement inférieure à 5o ki-

logrammes. De même les charges de rupture des aciers

de l'usine de Barrow, c'est la faible rigidité des barres et leur faible iésistance vive élastique. Sous ce double rapport les tableaux montrent des propriétés directement inverses de celles des barres Heaton. Les flèches sont moitié et la résistance vive le tiers, et parfois le quart, des chiffres correspondants de l'acier Heaton. Enfin, malgré" l'extrême mollesse du métal Bessemer,

qui ressort clairement de la forte compression, toujours supérieure à o,Lio sous la charge de 100 tonnes par pouce quarré, on constate partout des inégalités dans l'allongement et la contraction des barres, inégalités qui dénotent un certain manque de corps. Ainsi le n° 13 de la deuxième

série se rompt sans contraction malgré un allongement permanent avant la rupture de 0,087. Les n" 8 et 15 ne se contractent que de 0,10 et 0,22, malgré des allongements de 0,086 et de o,o94; tandis que les barres n" 9,

4° Enfin, en ce qui concerne l'efficacité du procédé Heaton

pour la déphosphoration des fontes, les nouvelles analyses sont aussi peu concluantes que celles de mon premier mémoire, puisque, dans les deux cas, la proportion de nitre était trop faible pour oxyder la totalité des éléments étrangers. Mais, en tout cas, d'après ce qui précède, il serait prématuré de considérer, dès maintenant, le procédé Heaton comme un perfectionnement considérable du travail de l'acier ; de plus, je ne pourrais pas davantage m'associer à cette conclusion de M. Fairbairn, « que l'acier Heaton « peut être comparé avec avantage aux aciers ordinaires « des fabricants de Sheffield. » Il est au contraire certain que les aciers phosphorés manquent de corps.