Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 165]

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SUR L'EMPLOI AC;i1ICOLE DES RÉSIDUS

DE QUELQUES USINES.

stances de diverses natures employées comme engrais dans

le département des Ardennes, et surtout des résidus d'usines. Des renseignements que nous avons recueillis auprès d'agronomes éclairés nous ont mis à même de nous rendre compte du mode d'action de ces matières sur la végétation et de saisir, dans quelques cas, la relation qui existe entre leur composition chimique et les effets produits. Il nous a paru qu'il ne serait pas sans intérêt de réunir ici, dans un premier mémoire, une partie des résultats auxquels nous ont amenés nos recherches et nos observations. Nous n'avons la prétention de signaler aucun fait nouveau; nous nous contentons de donner des analyses exactes et généralement complètes de quelques matières propres à être appliquées à l'agriculture, et de rapporter des faits bien constatés, en nous abstenant le plus possible de toute considération théorique. L. RÉSIDUS DE LA FABRICATION DE LA COLLE.

La tannerie, qui a une si grande importance dans la ville de Givet, a donné naissance à une industrie qui en utilise les résidus, tels que débris de cuirs et rognures de peaux c'est la fabrication de la colle-forte. La production annuelle inoyenne des six fabriques de colle de Givet peut être évaluée à 45o. 000 kilogrammes qui représentent une valeur de 740.000 francs. On prépare aussi à Sedan, avec des débris de matières animales, de la colle-forte qui est destinée à encoller les fils de chaîne avant le tissage ; mais cette fabrication, qui n'a pas d'autres débouchés que les manufactures de.drap de la localité même, ne donne qu'une faible quantité de produits.

Les procédés de fabrication sont assez simples.

Les

colle-maliens (muscles, tendons, rognures de peaux, etc.) sont traitées par l'hydrate de chaux, qui opère le débourrage des parties couvertes de poils, saponifie les corps gras

et rend la gélatine attaquable à l'eau bouillante.

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Les

substances alcalines et acides, qui nuisent à la propriété gélatineuse, sont éliminées par des lavages à grande eau, alternant avec l'aération des colle-matières; enfin celles-ci sont portées dans les chaudières où l'on procède à la fonte en présence. de l'eau bouillante. Ces manipulations laissent comme résidus : i° des sels

calcaires à acides gras, qui viennent nager à la partie supérieure des chaudières ; 2° des eaux de lavage; 3° des matières Solides déposées par ces eaux dans les bassins qui servent au lavage; 40 des marcs de colle ou fonds de colle, recueillis au fond des chaudières. Sels calcaires à acides gras. Les sels calcaires à acides

gras étant toujours imprégnés de gélatine, on les soumet d'abord à la presse et l'on repasse dans les chaudières le liquide obtenu. La matière exprimée est ensuite traitée par l'acide sulfurique qui sature la chaux et met la graisse en liberté. Cette graisse est très-appréciée pour le graissage des machines.

Eaux de lavage. Tous les autres produits que nous venons d'énumérer peuvent être employés comme engrais par l'agriculture. Les eaux de lavage s'utilisent sur place, lorsque la fabrique peut les déverser immédiatement sur les

terres voisines. Nous les avons vu appliquer avec grand succès par M. Albéric Parent, à l'irrigation d'une prairie qui autrefois ne rapportait presque rien, et qui, en i865, année

très-sèche, a donné 7.000 kilogrammes de foin par hectare; le sol de cette prairie est argilo-sableux et repose sur le diluviu.m.

La faible proportion des substances organiques et minérales que contiennent les eaux de lavage, ne légitimerait pas des frais coûteux de transport, si l'on ne les considérait que comme engrais. Il n'en est pas de même des dépôts des eaux de lavage et surtout des marcs de chaudières. Boues de lavage et marcs de colle. Les boues recueil-.