Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 80]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

CONCLUSIONS.

sanitaire, on est dans la même incertitude, les condi-

mentaire, les matières fertilisantes, tout naturellement et par la force même des choses, se trouvent délayées au

tions où l'on a opéré, différant notablement de celles qu'il

faut prévoir. En effet, d'un côté, le volume de l'eau épurée est insignifiant par rapport au débit total de la ville, et, d'un autre côté, cette eau ne renferme qu'une faible partie des immondices qu'elle devra contenir plus tard; privée comme elle l'est, aujourd'hui, des matières fécales et d'une portion des résidus ménagers, c'est de l'eau

relativement pure, comparée à celle que le progrès naturel des Choses amènera à avoir un jour. Enfin, même dans ces conditions particulièrement favorables à la réussite

des agents chimiques, les auteurs des essais sont les premiers à reconnaître que cette solution n'est point la meilleure. Ils la déclarent coûteuse et avouent qu'elle fait

perdre les quatre septièmes de la richesse fertilisante : ce qu'ils y voient surtout, c'est une ressource pour les cas où les méthodes naturelles feront défaut. L'insuffisance des procédés chimiques est donc mani-

feste; c'est autrement que l'eau d'égout doit être employée.

L'eau d'égout doit être répandue sur les terres cultivées, telle qu'elle sort des villes, sans traitement ni préparation d'aucune sorte, ou, comme, on dit, à l'état naturel. La seule précaution à prendre, c'est à l'aide d'un grillage, d'éliminer les corps encombrants; quant aux matières en suspension elles ne font point obstacle à l'élévation mécanique des eaux ni à leur distribution dans des canaux. Divers motifs établissent la supériorité de cette méthode 10 De tous les moyens de transporter les éléments ferti-

lisants contenus dans l'eau d'égout, le plus simple et le plus économique est souvent de faire couler cette eau ellemême aux lieux de consommation ; 20 L'eau d'égout présente l'engrais sous la forme la mieux appropriée à la végétation. L'expérience prouve, en effet, que dans les villes bien drainées et bien pourvues d'eau ali-

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point que réclame la culture. Ni trop pauvre ni trop riche, l'engrais peut être immédiatement absorbé par les plantes, sans qu'il soit besoin de l'affaiblir ou de le renforcer. D'ailleurs, cet engrais se suffit à lui-même, c'est-à-dire que le

liquide d'égout, à l'état naturel, renferme dans un juste équilibre tous les éléments nécessaires aux récoltes ; 50 La végétation est l'instrument le plus puissant et le moins coûteux pour obtenir la séparation des principes fertilisants. Nul traitement artificiel n'utilise ces principes en aussi forte proportion, et par conséquent ne livre aux rivières des eaux aussi bien purifiées. C'est seulement après avoir subi l'action purificatrice des plantes que les liquides d'égout peuvent être impunément déversés dans les cours d'eau ;

40 Le mode de séparation par les végétaux, non-seulement ne développe pas les odeurs des traitements artificiels,

mais même arrête celles qu'exhalent naturellement les liquidés d'égout. Le contact de la plante produit, en effet, une désinfection immédiate, et il semble que les principes odorants soient les premiers fixés.

Ces derniers avantages ne sont complètement obtenus que sous certaines conditions, à savoir quand l'eau d'égout est appliquée à l'arrosage des prairies permanentes, et spécialement aux prairies formées de ray-grass d'Italie. La présence d'une végétation serrée et active est indispensable

pour épurer les eaux et sauvegarder la salubrité. C'est par suite d'une erreur sur les rôles respectifs du sol et de la plante qu'on a songé à arroser des cultures maraîchères ou

à faire du colmatage. L'action du sol, dans l'épuration du liquide, est secondaire ; c'est la plante qui exerce l'action

sélective et qui s'enrichit. Le sol n'est en quelque sorte que le théâtre des phénomènes ; il abandonne tout au végétal et ne peut retenir pour lui-même que des matières TOME :XVI, 1869.

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