Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 76]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

« coupe quatre et cinq fois par an, et où l'herbe, abon« dante et précoce, est payée cher par les nourrisseurs. « Notre climat de France vaut bien celui d'Écosse; ainsi « nous pouvons poursuivre. « A Paris, la Vettabia, c'est l'égout d'Asnières, qui roule « à la seconde, et aura plus tard 2m3 à verser dans la « rivière (*). Les liquides, déjà clarifiés par les opérations « qui précèdent l'émission en Seine, la récolte des fumiers « flottants et le dragage des sables, .les liquides sont plus troubles que ceux de Milan ; il faudrait ajouter deux ou

« trois volumes d'eau pure pour les ramener à la limpidité du modèle. La limite agricole .de la dilution n'est donc pas atteinte, et la difficulté toute mécanique con« siste encore à soulever de.grandes masses d'eau à bas. prix.

« Qu'on jette les yeux sur la carte hydrographique du

« bassin de la Seine, on remarquera qu'entre les confluents de la Marne et de l'Oise, la rivière se promène, « en longs serpents, dans une érosion du calcaire grossier.. « L'ancien lit d'inondation, large d'environ io kilomètres, {f a été rempli en cailloux et en gravier, alluvions si mai-

gres et si peu fertiles qu'elles ne portent guère qu'une végétation forestière. Le bois de Boulogne, le bois du Vésinet, la forêt de Saint-Germain couvrent successive-

« ment ces langues d'atterrissement. Si les champs de « Gennevilliers font exception, c'est qu'à proximité des quartiers peuplés, ils ont été fertilisés au moyen des boues et des fumiers de la ville. « Au-dessus des grèves de la Seine, au nord, et sur le « calcaire grossier, s'étend la plaine de l'île-de-France. Elle « a étés entre Montmorency, Saint-Denis, Noisy-le-Sec, enfièrement Prise par la culture maraîchère, qui fait ici de gros légumes pour la halle, grâce aux engrais de Paris. (') 11 versera 3 mètres cubes incessamment.

ENTREPRISES D IRRIGATIONS.

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Plus loin, sur les mêmes terrains, on ne rencontre que « des céréales. Au sud-est de Meaux, à Corbeil, commence

« la Brie, plateau argileux qui, comme la Flandre, se livre à la culture industrielle ; tandis qu'au sud-ouest, au delà de Versailles, la Beauce continue le plateau de Trappes et montre encore un grenier à céréales. Or, que faut-il à la Brie et à la Beauce, sinon de l'engrais flamand, des liquides concentrés susceptibles d'enrichir les fumiers de la ferme ? Aux champs maraîchers de Flle-de-France, ce qui convient au contraire, c'est un arrosage avec des eaux tièdes d'égout permettant d.' échauf-

fer le sol de bonne heure ou de lutter contre la sècheresse en été. Quant aux grèves de la Seine, elles vont, si « l'on y fait passer un courant d'eau trouble, se colmater et devenir un vrai fond de marcites. Mais à première vue l'exécution paraît impossible. L'égout d'Asnières débouche à la cote 25 mètres, les « grèves sont io mètres plus haut, à la cote 55 mètres ; la plaine de Montmorency, Saint-Denis et Noisy, ou le « réservoir qui l'alimenterait, doit se prendre à la cote « 75 mètres, à 5o mètres au-dessus de la rivière ; tandis que la Brie, à la cote 100 mètres, et la Beauce, à la cote 175 mètres, donnent à franchir des différences de niveau de 75 à 15o mètres ; comment vaincre ici les obstacles? A la rigueur on en viendrait à bout avec la machine à vapeur; mais quand il s'agit de remuer 200.000 mètres cubes par jour, on entre dans la création d'un matériel gigantesque et dans une consommation de charbon pres« que illimitée (*). Heureusement une solution meilleure « est à portée.

La Seine, malgré ses longues inflexions, garde une (*) Nous avons vu que ces appréciations sont exagérées et que la dépense se réduit à 2 centimes par mètre cube élevé à 100 mètres.