Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 75]

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ENTREPRISES D'IRRIGATIONS.

EMPLOI DES E /11X D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

faire et s'exposer aux prétentions des propriétaires pour le surplus des acquisitions. Car ces prétentions seraient sans doute sensiblement diminuées, par cela seul qu'on saurait l'entrepreneur déjà muni des terrains strictement indispensables à- l'épuration. Ainsi les deux conditions en quelque sorte préalables de toute entreprise d'irrigations avec les eaux d'égout de Paris, sont i° Que ces eaux soient enrichies de toutes les déjections de la population ; hectare par 2° Qu'on ait la faculté d'exproprier i.000 habitants. La première de ces deux conditions est absolue : sans elle, l'affairé est condamnée à une ruine certaine. La seconde pourrait, à la rigueur, être suppléée par un concours de circonstances heureuses; mais il ne serait pas prudent de s'engager sans une pareille garantie. Ces deux considérations, on le voit, compliquent singulièrement l'affaire. Il nous reste à parler d'une troisième qui est au contraire moins défavorable aux entreprises d'irrigations qu'on ne le pense généralement : c'est l'élévation mécanique des eaux d'égout. Une telle élévation serait une nécessité à Paris, comme da reste pour la plupart des cités importantes qui, étant étendues le long d'un cours d'eau, se trouvent à un niveau inférieur à celui des campagnes environnantes. Dès lors les liquides devraient être remontés artificiellement afin de pouvoir se distribuer aux terres par gravitation et jouir en même temps d'un écoulement assuré. Or cette obligation d'élever

les eaux passe, auprès de beaucoup de personnes, pour un obstacle insurmontable. On suppose, d'une part, que les pompes sont obstruées par les matières en suspension dans le liquide, et d'autre pal-t, que la dépense des machines à vapeur est inabordable. Fort heureusement, il n'en est pas ainsi. L'expérience de Londres montre qu'avec un

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les grillage métallique interceptant les corps volumineux, pompes n'éprouvent aucun dérangement; les machines élévatoires du conseil métropolitain fonctionnent depuis plus de trois ans avec une régularité parfaite. Quant à la dépense cependant de l'ascension, quoique considérable, elle est fort au-dessous de ce qu'on imagine. Nous l'avons dit plus

haut et nous le répétons, l'élévation de l'eau d'égout à 75 mètres n'augmente pas en Angleterre le prix du mètre cube de plus de of,o 1. En tenant compte des différences dans le coût des houilles, la dépense en France n'excéderait certainement pas 2 centimes pour une élévation à 100 mètres.

Ces principes généraux posés, tout se réduit maintenant quel à une question de tracé. Nous n'avons pas à rechercher détermination tout à fait pourrait être le meilleur : c'est une borneen dehors de la compétence de ce travail. Nous nous

rons à rapporter, à titre d'exemples, deux projets mis en avant, il y a peu d'années, et dus à des ingénieurs distingués, .MM. Mille n et Aristide Dumont. Voici le projet de M. Mille, tel qu'on le trouve décrit dans un rapport de 1862 à M. le préfet de la Seine, sur les irrigations et les prairies à marches du Milanais. Il reste la question la plus importante. Les résul-

tats obtenus en Lombardie peuvent-ils se répéter en la « France? Les environs de Paris peuvent-ils, comme

« banlieue de Milan, avoir des marches, des prairies d'hiver à végétation constante? Oui, pourvu qu'il y ait ici la même volonté, la même persévérance.

« Mais, dira-t-on, le soleil d'Italie nous manque et sans lui l'on ne réussira pas. Il est curieux de remarquer que la seconde application en grand des eaux d'égout ait eu lieu à Édimbourg; elle y a produit des prairies qu'on

(*) M. Mille est le même ingénieur qui dirige les essais de Clichy, décrits dans le premier chapitre.