Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 106]

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NÉCROLOGIE.

NÉCROLOGIE.

érudition en minéralogie, en chimie et en métallurgie et La pénétration de son esprit lui faisaient apercevoir. Dans son enseignement clair, méthodique et précis, il ne craignait pas d'entrer dans des détails minutieux ; il mettait ainsi ses auditeurs en garde contre le danger des observations incomplètes et des généralisations qui ne seraient pas justifiées par une discussion et une critique sévères. Rivot, comme ses illustres devanciers Ébelmen et de Sénarmont, a été enlevé à l'École et au corps des mines dans toute la force de l'âge et du talent. S'il eût vécu, il nous aurait encore beaucoup appris.; mais sa courte vie a été bien remplie, et son nom tiendra une grande place dans l'histoire des sciences et de l'art des mines. Lorsque nous apprîmes, il y a six mois, l'invasion de la maladie qui mettait en danger la vie de Rivot, la consternation fut générale à l'École, dans le corps des mines et parmi ses anciens élèves, qui tous ont conservé envers lui un profond sentiment de reconnaissance et de respect. Ce

sentiment a été partagé par tous les savants, qui estimaient à leur juste valeur les travaux de notre éminent camarade. Dans ses souffrances, il a été entouré des soins les plus

tendres par un frère dont la profonde douleur trouvera quelque adoucissement dans l'expression -de nos regrets unanimes. Les professeurs, les fonctionnaires, tous les employés de l'École, ceux surtout qui sont attachés au service des laboratoires, lui ont donné les marques les plus délicates d'attachement. Je dois particulièrement remercier ici, au nom de l'École, M. Rigout, des soins em-

pressés, dévoués, incessants qu'il a prodigués au maitre auquel il était uni par les liens d'une estime et d'une affection réciproques. Adieu! cher Rivot, au nom de l'École et du corps des mines à l'illustration desquels tu as contribué par tes travaux ! Ton souvenir vivra dans leurs annales. Il restera

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vénéré parmi nous qui, ayant vécu près de toi, avons pu apprécier, en même temps que l'étendue et la sûreté de ton savoir, les nobles qualités de ton âme, ton dévouement au devoir et au bien, ta franchise, ton désintéressement, ton obligeance infinie pour tes collègues et tes amis, et qui t'avons aimé comme tu le méritais !

PAROLES PRONONCÉES PAR M. MOISSENET Ingénieur des mines.

Messieurs,

C'est au maître, c'est à l'ami que je viens dire adieu.

L'École des mines, le corps des ingénieurs font une grande perte ; mais le coup qui nous frappe retentira dans bien des coeurs : partout où il y a un élève du maître. M. Pivot nous a instruits par la parole et par l'exemple. Aussi de quel respect, de quelle affection n'était-il pas entouré!

Il était le lien commun d'une grande et belle famille, sur laquelle son utile influence ne cessait de s'exercer. La force de M. Rivot était dans son amour pour la profession : il voulait et savait inspirer cet amour à ses élèves. Dès l'école, il reconnaissait les aptitudes de chacun d'eux, et sa bienveillance était toujours efficace. Puis, non content de préparer de bons ouvriers et de les mettre à ruvre, il ne se lassait pas de les éclairer de ses avis.

M. Rivot a été l'homme utile;: il a été aussi l'homme bon, l'ami dévoué.

Ses dehors un peu sévères couvraient à peine la sensibilité la plus délicate. Il était un de ces rares courtisans du malheur Ses amis, dans le chagrin ou ,dans la maladie;