Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 305]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.

blance avec ces dernières est quelquefois si grande qu'il devient impossible de les en distinguer. M. M'Co y remarque d'ailleurs qu'en Australie, de même qu'en Europe, les espèces miocènes vivent actuellement dans des mers se trouvant plus au sud ; et il conclut de l'ensemble de ses recherches sur l'époque tertiaire qu'il y a eu un refroidissement graduel des deux hémisphères. Ces considérations rectifient ce qu'il y avait d'exagéré dans les considérations théoriques, qu'on avait déduites d'une connaissance imparfaite des faunes et des flores australiennes. Mais si l'on ne peut plus considérer l'Australie comme une sorte de terre jurassique qui aurait survécu aux cataclysmes de la période secondaire, on ne peut nier que les changements qui s'y sont opérés n'aient pas été identiques à ceux qui ont été observés ailleurs. En admettant, comme bien constatée, l'identité entre les espèces siluriennes d'Australie et celle de l'Angleterre, et en mettant ce fait en regard de l'état présent, il faut bien reconnaître que si les formes organiques ne se sont immobilisées nulle part, elles n'ont point subi les mêmes transformations dans les divers continents.

TERRAINS PALÉOZOÏQUES..

Terrain silurien. Taconique. - AMÉRIQUE.

Peu de temps après l'établissement

du système silurien en Angleterre par sir Roderick urc hiso n, et dès l'année 1858, M. Emm ons signalait en Amérique l'existence de couches antésiluriennes, sans fossiles, comprises par lui sous le nom général de système taconique. Ce nom était emprunté à des collines, nommées Taconic Hills et situées entre les États de New-York, Vermont, etc. Voici comment le docteur E mmons définissait son système nouveau :

« En 1836, lorsque je reconnus que dans l'État de New-York, le grès de Potsdam était la base du système silurien, il semblait que

nous eussions atteint la base des dépôts sédimentaires. Mais lorsque, deux ans plus tard, j'eus observé la même base reposant sur des dépôts encore plus anciens, tels que ceux qu'on voit le long de la rive droite du lac Champlain et ailleurs, il devint évident qu'il existait encore une série plus ancienne que le terrain si-

TERRAINS.

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lurien. Les preuves de ce fait se sont accumulées constamment depuis lors, et il est reconnu que le taconic system repose sur les roches primaires sans exception. Son existence a été observée dans toute la longueur des États-Unis, à partir du nord-ouest jusqu'au sud-ouest (1). » Les vues de M. Emmo ns, fondées pourtant sur des études stratigraphiques très-étendues, furent rejetées, et les géologues amé-

ricains s'accordèrent à placer au niveau du groupe de la rivière Hudson les terrains que M. Emm ons prétendait stratigraphiquement inférieurs au calcaire de Chazy et au grès de Potsdam. Deux trilobites seulement, très-imparfaitement conservés, elliptocephalus asaphoides et Atops trilineatus) avaient été signalés au début par M. Emmons, et ces déterminations mèmes avaient été contestées.

Il se fait en ce moment un retour d'opinion en faveur des idées

de M. Emmons; en 1859, M. Hall (2) a décrit trois trilobites qu'il nomme: Olenus Thompsoni, olenus vermontana, Peltura (olenus) holopyga. Or ces Olenus découverts à Georgia, Vermont, ont été reconnus par M. Ba r r an de (3) comme appartenant à sa faune primordiale; M. Hall, dans sa description, indiquait que les

trois trilobites en question se trouvaient dans des schistes supérieurs au groupe de la rivière Hudson, qui forme le couronnement de la division silurienne inférieure. M. Bar r an de fut conduit par ses idées théoriques sur la distribution des trilobites dans les terrains anciens, à mettre en doute l'assertion de M. Hall, et l'autorité de son jugement ébranla les bases depuis longtemps acceptées de la stratigraphie américaine. Le professeur Hall avait été entraîné dès longtemps, dans les débats relatifs au terrain taconique, à placer les couches à Olenus d'Amérique au-dessus de la faune seconde, contrairement à tout ce qui a été observé en Europe, où ces trilobites caractérisent la faune primordiale. Depuis l'intervention de M. Bar r an d e , les opinions longtemps oubliées ou dédaignées de M. Emmons reprennent assez faveur pour qu'on prononce de nouveau le nom qu'il avait vainement cherché à introduire dans la science, et qui pendant quelques années était entièrement tombé dans l'oubli. Une nouvelle impulsion a donc été donnée à l'étude des terrains anciens de l'Amérique, et déjà elle a porté des fruits. (I) Americ. Geology, vol. I, part. 2, p. G; 1153. Twel fth annuat Report of the Regent 0(11w University of New-York, 1055. Bull. géol., XVIII, 1661; 203.