Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 271]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.

doute l'attribuer à ce que l'évaporation naturelle est supérieure à la quantité d'eau pluviale. C'est alors l'eau salée qui s'infiltre dans le sol et qui est ramenée à sa surface par l'évaporation et par la capillarité; à mesure que la couche supérieure du sol se dessèche, cette eau qui a pénétré dans les couches inférieures remonte en vertu de la capillarité, puis en s'évaporant, elle donne à la surface un dépôt de sel qui s'oppose à. toute végétation. Il ne suffit donc pas

sur le littoral de la Méditerranée de dessécher un marais pour pouvoir le cultiver, il est encore iddispensable de le dessaler. Cette opération y présente d'ailleurs les plus grandes difficultés; parce

que c'est toujours la même quantité de sel qui remonte pendant l'été et qui s'infiltre dans le sol à l'automne; les grandes pluies de l'hiver ne la diminuent pas d'une manière notable. Souvent des marais qui pendant l'été se couvrent d'une épaisse couche de sel donnent pendant l'hiver une eau qui est à peine saumâtre. Enfin, près de l'embouchure du Rhône et de l'Aude, de vastes plaines qui depuis des siècles n'ont pas été recouvertes par la mer et qui sont au contraire lavées périodiquement par des torrents d'eau douce, présentent encore le phénomène de la montée du sel pendant l'été; de plus, on l'observe même à la suite d'une crue et après que leur fond a été recouvert par une couche épaisse d'alluvions. Les explications précédentes permettent d'apprécier combien il est difficile de dessaler un terrain qui a été baigné par la mer et qui se trouve dans un climat où la perte par évaporation est supérieure à la quantité de pluie. M. Du po nc h el pense toutefois qu'il est encore possible d'y parvenir en ayant recours au drainage. On comprend, en effet, que l'eau d'infiltration provenant des pluies doit nécessairement dissoudre et entraîner une partie du sel, D'un

autre côté, des irrigations artificielles, celles surtout qui permettent de faire alternativement entrer et sortir les eaux par les tuyaux de drainage seront aussi très- efficaces pour dessaler un pareil terrain.

Animaux marins vivant à de grandes profondeurs. On sait d'après les recherches du célèbre géologue Forb es que le nombre des mollusques peuplant le fond de la mer diminue très-rapide-

ment avec la profondeur; il ne faut pas croire cependant que la région profonde de la mer soit entièrement déserte. Déjà M. Dan a

a signalé quelques caryophylliens pêchés à une profondeur de 200 brasses et M. Darwin a trouvé des bryozoaires et un gorgonien à plus de i6o brasses. Le capitaine Maury et les ingénieurs

PHÉNOMÈNES ACTUELS.

465 l'Océan atteint 1800 et même 2.700 brasses de profondeur, son fond est formé par les débris de foraminifères et d'infusoires; mais il n'est pas absolument certain que ces êtres microscopiques aient vécu à l'endroit où on les rencontre, et M. Bai 1 ey penserait même que leurs carapaces ont été transportées. Toutefois des recherches

que M. A. Mi lne Edwards (1.) a faites dans ces derniers temps ont mis complétement hors de doute l'existence de mollusques marins dans des mers très-profondes. Car lorsqu'on a retiré le câble du télégraphe sous-marin établi entre Cagliari (Sardaigne) et Bône (Algérie), on y a trouvé de nombreux mollusques qui s'y étaient développés pendant qu'il était à une profondeur supérieure mètres. M. A. Milne Ed w ar d s , qui les a examinés, cite spécialement l'ostrea colchear qui habite les eaux profondes et qui est bien connue des pêcheurs de corail de la Méditerranée, Plusieurs espèces de peignes dont l'une avait une coquille fortement colorée ont également été ramenés avec le câble. Il faut y joindre une monodonte , un fuseau, ainsi que des coralliaires, appartenant à la famille des turbinolides. Ce qui est plus important, c'est que l'un d'eux, caryophyllia armata, se rencontre à l'état fossile dans le tertiaire supérieur du Piémont et de la Sicile. Un autre très - voisin du caryophyllia clavus paraît identique à un polypier fossile que M. Deshay es a trouvé dans le pliocène de l'Algérie. Comme l'observe M. A. Mime E d w ar ds , il est très -intéressant pour la géologie de trouver dans la Méditerranée, à des profondeurs de plus de mètres, des mollusques dont les habitudes sont sédentaires et qui appartiennent presque tous à des espèces réputées rares; ce fait est d'autant plus remarquable que quelques-uns de ces mollusques ne paraissent pas différer de certaines espèces qu'on connaît à l'état fossile dans le terrain tertiaire supérieur du même bassin. PRODUITS INTÉRIEURS.

Les phénomènes qui ont leur origine au-dessous de la surface du globe sont ceux dont nous avons à nous occuper maintenant; ils se rapportent plus spécialement aux eaux souterraines et minérales, aux sources de pétrole et aux volcans. (i) Annales des sciences naturelles (4' s.), XV, n" 3.

hydrographes américains ont bien constaté que dans les parties où Tomu li, 1862.

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