Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 270]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANINÉE 1861.

PHÉNOMÈNES ACTUELS.

Cas tableaux de M. F or chh amm er parlent en quelque sorte d'eux-mêmes et réclament peu d'explications. Le premier nous

dier avec détail la composition minéralogique des dépôts littoraux ;

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montre qu'à la surface de la mer, la salure présente des différences qui, pour être faibles, n'en sont pas moins faciles à constater par l'analyse. De même que la densité de l'eau de mer, la salure aug-

mente vers l'équateur et loin des. côtes, tandis qu'elle diminue beaucoup vers les pôles. Le deuxième tableau fait voir de plus que la salure varie d'une manière notable avec la profondeur et qu'elle va tantôt en diminuant, tantôt en augmentant. Ces résultats s'expliquent simplement par une évaporation plus active sous l'équa-

teur, par la fusion des calottes de glace des pôles et enfin par l'existence de courants sous-marins.

Anciens rivages. L'examen des rivages actuels de la mer nous montre qu'ils sont habités par une multitude de mollusques perforants ; mais les cavités percées par ces mollusques se conservent et se reconnaissent très-bien jusque dans toute la série des terrains; on comprend donc qu'elles puissent servir à repérer les

anciens rivages des mers. M. Marcel de Serres (i) cite des exemples dans lesquels il a employé ce moyen, et il observe, à ce sujet, qu'il est susceptible d'être appliqué aux diverses époques géologiques.

Dépôts littoraux. -- M. M air an d (2) a réuni divers documents sur la composition chimique et minéralogique des dépôts que la mer laisse sur son rivage entre Nantes et Bordeaux. Ces dépôts sont surtout charriés par la mer, et les fleuves n'y apportent qu'un bien faible contingent. Au-dessus du niveau des marées, il se forme,

sur les côtes plates, des dunes de sable qui sont sans cesse remaniées par les vents. Au niveau supérieur des marées, des couches de vase se déposent dans les golfes et dans les parties qui sont abritées de la vague et des courants ; tandis que des sables et des

cordons littoraux de galets s'observent sur les côtes qui sont lavées par des eaux en mouvement. Au-dessous du balancement des marées, il y a bien encore des bancs de sable dans le lit des courants, mais les dépôts deviennent d'autant plus fins que la tranquillité est plus grande dans les profondeurs de l'Océan. Les observations des Ingénieurs Hydrographes sur les côtes de France et celles de M. l'ingénieur Bo unice au avaient depuis longtemps établi l'ensemble de ces faits; toutefois, il serait très-intéressant d'étuComp. rend., 1861; LII, 71. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, 1860 (20 s.), II, 78.- Revue des Sociétés savantes, 1861.

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car en la comparant à celle des roches qui forment les côtes, on parviendrait à indiquer l'origine de ces dépôts. Les marais qui dans le sud de la France se Marais littoraux. trouvent sur le littoral de la Méditerranée ont été étudiés par M. D up o n ch el (1), qui a fait connaître les moyens propres à opé-

rer leur desséchement. Entre l'embouchure du Rhône et celle de l'Aude, ces marais occupent une surface de près de 200.000 hectares. Pour le Rhône seul, le Delta intérieur ou la Camargue en comprend 85.000 hectares, la rive droite 2 9 . 6 0 0 hectares, la rive gauche 26. 000 hectares; ce qui fait en tout 1/10.600 hectares de marais. M. D up on c h el distingue deux catégories de marais littoraux. Les premiers sont caractérisés par une double pente, dont l'une

est longitudinale et l'autre transversale par rapport au cours d'eau. Ils sont le débouché naturel doses affluents. Ils comprennent

d'ailleurs la majeure partie des terrains marécageux qui sont en dehors des deltas. Les seconds n'ont aucune pente et affectent la forme de cuvettes. Ils s'observent à l'intérieur des deltas ; c'est ainsi, par exemple, que

l'étang de Valcarés se trouve au centre de l'île de la Camargue. Ils s'observent aussi le long des lagunes lorsqu'elles sont trop éloignées des cours d'eau principaux pour être colmatées. Cette distinction entre les marais littoraux est importante, parce que, comme l'observe avec raison M. Dup on ch el , elle est en relation avec le système qui doit être employé pour les dessécher. Tandis que ceux de la seconde catégorie peuvent être isolés par des digues de ceintures et épuisés artificiellement à l'aide de machines élévatoires, ceux de la première catégorie doivent généralement être améliorés progressivement par le colmatage des affluents dont ils reçoivent les eaux. Mais il ne suffit pas de dessécher des marais littoraux pour qu'ils

soient propres à la culture, il est encore indispensable de les dessaler. Lorsque des terrains ont été baignés par la mer, on comprend qu'ils doivent être fortement imprégnés du sel marin ; et alors, comme le fait remarquer M. D up o n ch el , les effets produits diffèrent beaucoup suivant les climats. Dans le Nord, notamment en Hollande, le sel est constamment dissous par un excès d'eau pluviale en sorte qu'il disparaît rapidement; la petite proportion qui est retenue par le sol est plutôt favorable que nuisible à la végétation. Dans le sud au contraire, et en particulier sur le littoral de la Méditerranée, il en est tout autrement : il faut sans (i) Annales des ponts et chaussées. 1861 (e S.),11, 152.