Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 99]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

24

AMALGAMES NATIFS DU CHILI.

mêmes que ceux des environs d'Arqueros, porphyres qui constituent la formation principale des Andes chiliennes à leur limite occidentale, dans toute l'étendue de cette chaîne, depuis Copiap6

jusqu'à Conception. Les mines de la Rosilla sont encore loin d'avoir l'importance des autres mines d'argent du même département; cependant, leur exploitation est en voie de progrès, et on compte déjà plusieurs milliers de marcs d'argent extraits d'une de ces mines, nommée la Descubridora, dont le filon produit des minerais excessivement riches. Ce minerai, d'après M. Garcia, à qui je dois un des plus beaux échantillons, ne se trouve qu'en rognons tout à fait irréguliers, au milieu d'une masse argileuse rougeâtre, remplissant le milieu du filon. Des deux côtés de cette partie argileuse, on voit deux veines carbonatées, spathiques,

qui changent parfois d'apparence et qui deviennent siliceuses lorsque le minerai disparaît. Les échantillons qui m'ont été d'abord envoyés, et que je dois à l'obligeance de MM. Garcia et Mandiola, sont de deux espèces que je désignerai par les noms de minerai blanc et de minerai noir. Je les ai examinés et soumis à l'analyse chacun séparément. Minerai blanc.

Il se compose principalement de chlorobromure d'argent qui est

d'un vert jaunâtre, jaune dans sa cassure fraîche, formant des veines contournées ou des petites masses irrégulières, et d'amalgame natif qui a l'apparence d'argent natif. On y remarque deux variétés de cet amalgame : l'une est grenue, en tout petits grains luisants, cristallins, ressemblant à l'argent bismuthal de San Antonio (*) et disposés de manière qu'ils forment des petites veines au milieu d'une gangue carbonatée plus ou moins ocracée ; l'autre est en gros grains et en masses irrégulières, sans éclat et sans la moindre trace de cristallisation. Cette dernière variété se porte de préférence vers la partie extérieure des rognons; elle est malléable et s'étend en feuilles assez minces sur l'enclume ; tandis que la première se trouve plutôt dans l'intérieur des masses, dans leurs parties les plus compactes, engagée entre les veinules et feuillets de chlorobromure et se réduit en poudre assez fine dans un mortier d'agate. A cause de la grande densité de l'amalgame, il n'est pas difficile de le séparer des substances étrangères qui l'accompagnent, au (*) Annales des mines, h` série, tome IV, page 165.

AMALGAMES NATIFS DU CHILI.

25

moyen du lavage. On retire les gros grains d'argent corné qui s'aplatissent sous le pilon du mortier; et quant aux particules de chlorobromure qui se trouvent attachées aux grains de l'amalgame, on parvient à les enlever en lavant le résidu avec de l'eau

chargée d'ammoniaque, et en décantant les liqueurs troubles qui se forment. Quoique ce réactif ne dissolve que le chlorure et n'agisse corné, il que très-difticiiement sur la partie bromurée de l'argent détache cependant ce dernier de la surface de l'amalgame et fait

passer le bromure à l'état d'une poudre grisâtre et jaunâtre qui surnage. En tous cas, on perd beaucoup d'amalgame dans le lavage, et

j'ai été obligé de détruire une grande partie de mes échantillons pour en extraire de l'amalgame pur en quantité suffisante pour l'analyse. L'amalgame purifié de cette manière est d'un beau blanc d'argent, mais il se ternit à l'air. Il se dissout très-facilement, même à froid, ou à l'aide d'une chaleur très-modérée, dans l'acide nitrique, et il paraît s'attaquer moins difficilement que l'argent pur par l'acide muriatique bouillant. Il ne laisse ordinairement dans l'acide nitrique qu'un tout petit résidu d'argent corné et d'argile, mais la liqueur contient toujours une proportion assez notable de chaux et d'oxyde de fer appartenant à la gangue qui se trouve enfermée dans les pores de l'amalgame et dont il est impossible de le dégager complètement. Lorsque, après avoir purifié les premières quantités d'amalgame, je les ai soumises à l'analyse sans séparer les parties menues des parties à gros grains, j'ai remarqué que l'argent et 4e mercure ne s'y trouvaient pas combinés en proportions définies et atomiques. En changeant de mélanges et en opérant sur l'amalgame extrait des différentes parties de l'échantillon, j'obtenais des proportions de mercure qui variaient entre certaines limites comprises à peu près entre 0,47 et o,55, et je me suis aperçu que le minerai donnait d'autant plus de mercure qu'il se trouvait en particules plus petites.

Ayant reconnu ce dernier fait , j'ai tâché de séparer, au moyen d'un triage le plus soigné possible, l'amalgame qui se trouve en

grains très-petits et éclatants; après l'avoir purifié par la mé-

thode que je viens de décrire, j'ai fait passer le résidu laissé par le lavage par un tamis très-fin, et je n'ai soumis à l'analyse que la poudre très-fine qui passa à travers le tamis. Voici les résultats de mes analyses opérées sur cette espèce d'amalgame extrait des diverses parties du minerai blanc :