Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 145]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

FUSION DE L'ACIER

AU FOUR A RÉVERBÈRE.

d'expédition, où il a pu être commis un double emploi. Dans l'hypothèse la plus défavorable, on trouve, en défal-

pour amener toutes ses parties à la même chaleur. On avait disposé une tenaille convenable pour le saisir par la partie cylindrique supérieure, correspondante au goulot de la lingotière. Placé dans le four à midi, il avait atteint une température suffisante à une heure et demie. A deux heures

268

quant sur la première fusion le combustible correspondant aux 31/2 qu'a employées la fusion du laitier, sur le pied de 250 kil, par heure, à cause de l'absence de vent, on trouve qu'il a été consommé pour fondre 1,1o° kil. d'acier, 4,563 kil, de houille, soit près de quatre parties pour une. Ce chiffre, en discordance complète avec les précédents, ne nous inspire aucune confiance. S'il était réel, il indiquerait

de la part du chauffeur une marche beaucoup trop précipitée, un soufflage trop violent sous la grille qui, au lieu d'élever la température dans le four, l'aurait plutôt abais-

sée par l'excès d'air froid mêlé au courant gazeux, et en reportant le point de combustion maximum au delà de la sole, dans le four à cornues. Nous croyons qu'il s'est passé un fait de cette nature, mais sans que la consommation de combustible ait été accrue par là dans la proportion accusée par les chiffres douteux qui nous ont été fournis par le chantier d'expédition des houilles. § V.

Essais de forgeage des lingots provenant des trois fusions précédentes.

Le lingot provenant de la deuxième fusion, coulé dans

un bain de laitier et rugueux à la surface, a été l'objet d'une tentative d'étirage, le 22 janvier, en présence de MM. Treuille de Beaulieu, Caron et Sainte-Claire-Deville. Ce lingot pesait 464 kil, et présentait une densité de 7,544.

A raison de sa forme cylindrique, on avait disposé au destiné à l'étirage, une étampe et une panne à concavité cylindrique, d'un rayon légèrement supérieur à celui du lingot. Celui-ci fut réchauffé dans un four à souder le fer, placé près du pilon, conduit de manière à ne pas donner une température supérieure au rouge cerise. Le lingot fut plusieurs fois tourné sur lui-même dans le four, pilon nr>

5 ,

269

moins un quart, on le retira du four, et le forgeage fut commencé.

L'opération du forgeage marcha d'abord régulièrement.

Le pilon, dont la levée était réduite à on',3o ou om,4o, donnait environ 70 coups par minute. Cette vitesse trèsfaible avec une petite levée rendait le serrage fort lent, bien que l'on tournât fréquemment le lingot sur l'étampe, en le faisant avancer et reculer pour égaliser le serrage sur toute

la longueur. Cependant, les rugosités du lingot s'effaçaient, la surface devenait lisse, et la pièce s'allongeait sensiblement. Après vingt minutes de forgeage, le lingot étant trop refroidi, il fallut le réchauffer. Ce réchauffage exigea une demi-heure, et le forgeage fut repris dans les mêmes conditions, en donnant seulement un peu plus de levée au pilon. On procéda à un troisième réchauffage, et le lingot fut soumis une troisième fois à l'action du pilon. Croyant le lingot suffisamment serré et impatientés de la lenteur der opération, les ouvriers donnèrent plus de levée et firent marcher le marteau presque à toute volée. Mais alors un coup donné en porte à faux fit gercer le lingot en travers, à o-0.3 de la grosse extrémité ; nous fîmes arrê-

ter le forgeage, de crainte que la rupture ne devînt complète. Le lingot s'était allongé de om,o85. Nous ne pouvons décider si cet accident provient de trop de précipitation dans le forgeage, de l'imperfection du pilon

, de l'inhabileté des ouvriers, ou bien s'il est dû à la

mauvaise qualité soit naturelle, soit acquise de l'acier. Cette question est d'autant plus délicate à résoudre que, d'après l'expérience acquise dans les aciéries, il est très-difficile

d'étirer sans quelque gerce ou crique les lingots de forte TORE I, 1862.

i8