Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 26]

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APPLICATION DE LA CHALEUR

foliation de la roche. En dirigeant convenablement le dard de la flamme, j'ai pu creuser ainsi dans un échantillon de quartzite des Alpes, de la variété la plus dure, un trou cylindrique dé 6 centimètres de profondeur, et de forme assez régulière pour qu'il paraisse avoir été foré par un fleuret ; il a suffi pour cela de moins de cinq minutes. Une action analogue se manifeste aussi quand

c'est l'air atmosphérique qui sert à la combustion de l'hydrogène alimentant le chalumeau; mais l'effet est beaucoup plus faible que dans le premier cas. Il faut' donc non-seulement que la température s'élève brusquement, mais aussi qu'elle soit extrêmement haute, pour que la dilatation subite qui en est la conséquence produise une décrépitation rapide. Les couches de quarzite, .très-développées dans le massif du mont Cenis, sont redoutées ;comme l'une des

principales difficultés dû percement du grand tunnel des Alpes, que les ingénieurs italiens ont entrepris, au moyen de procédés aussi ingénieux que gigantesques. Le fleuret le mieux aciéré ne peut en effet y creuser les trous, destinés à recevoir la poudre qui doit faire éclater la roche, sans s'émousser rapidement. Peut-être un procédé du genre de celui qui vient d'être signalé serait-il susceptible de devenir applicable aux opérations de ce genre. Mais il faudrait préalablement multiplier les essais en variant le mode d'application de la chaleur, ainsi que la forme à donner au bec du chalumeau, de manière à le porter jusqu'au fond du trou. Ce serait comme une extension du travail par le feu employé depuis des siècles dans la mine du Rammelsberg au Flartz (1.).

(1) On facilite l'abatage de la roche qui est d'une ténacité exceptionnelle, en allumant des feux de bois le long de ses parois.

AU PERCEMENT DES ROCHES.

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Le cristal de roche et d'autres variétés du quartz cristallisé que j'ai essayés de la même manière, ne décrépitent pas violemment comme le quartzite, dont le mode de formation et de structure présente d'ailleurs des particularités que j'ai cherché à éclaircir, ailleurs. J'ajouterai comme observation analogue que beaucoup de granites, et des plus durs, tels que ceux qui se trouvent en cailloux dans le Rhin et la Moselle, peuvent être désagrégés plus facilement encore. Des mor-

ceaux soumis lentement à une chaleur rouge blanc, puis refroidis lentement aussi, par conséquent sans qu'ils aient été étonnés, perdent tellement leur cohésion qu'ils se laissent pulvériser sous la simple pression de la main.