Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 26]

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ORDRE STRATIGRAPHIQUE

on les voit encore clairement reposer sur le calcaire E. Il n'y a aucune raison de penser qu'il n'en soit pas de

Les relations précédentes ne sont pas le résultat des bouleversements

du sol.

même plus à l'ouest, quoique l'altération rapide que les couches subissent dans leur texture et dans leur couleur puisse faire naître des doutes sur leur identité. Nos coupes fig. 1, 2 et 5 montrent les relations mutuelles de tous les groupes de couches que l'on rencontre dans la vallée d'Entremont, ainsi que leur rapport de position avec le système X. Les coupes 5 et 4. indiquent plus particulièrement la position du groupe D relativement aux cQuches environnantes. 11 résulte de l'ensemble de ces coupes qui résument toutes nos ob-

servations que les marnes D à fossiles de la craie blanche sont recouvertes par le groupe C à fossiles néo-

comiens. Comme une pareille superposition est tout à fait anormale pour les géologues qui croient à un ordre de succession invariable des faunes fossiles, nous

avons dû examiner si elle ne serait pas le résultat de quelque bouleversement extraordinaire du sol. Cela nous a paru complètement inadmissible et pour le montrer, il ne sera pas nécessaire de nous livrer à une longue discussion. La supposition d'une grande faille dirigée

du nord au sud doit d'abord être écartée, car les dislocations de cette nature peuvent donner lieu à des superpositions anormales apparentes et non pas réelles et

nous avons vu qu'en allant de l'ouest à l'est tous les groupes de la vallée s'enfoncent positivement les uns sous les autres. L'hypothèse d'un renversement dans la stratification n'est pas plus satisfaisante ; il ne servirait de rien de l'imaginer. En effet le groupe à fossiles de la craie blanche composé de couches toutes régulièrement inclinées vers l'est, ainsi que cela résulte des observations de M. Favre, deM. Lory et des nôtres, est positivementintercalé entre deux assises à,fossiles néocomiens.

ET CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES.

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Que l'on fasse subir à tout ce système une demi-révolution complète et l'on n'en sera pas plus avancé. Quant aux grands plissements, il ne faut pas non plus y songer. Sans parler de l'invraisemblance que de pareils

accidents n'aient laissé aucune trace visible, ils auraient donné lieu à une disposition symétrique et à un retour périodique des mêmes couches que l'on n'observe nullement. Quelque effort que fasse l'imagination pour

arriver à une explication par ce moyen, elle ne peut y parvenir. Il nous reste à déterminer quel est l'âge géologique Ag, gédologigne de l'ensemble des couches que nous avons étudiées. On couches rtudiées.

éprouverait un grand embarras si pour cette détermination on ne considérait que la vallée d'Entremont. Car ici, comme sur d'autres points des Alpes, les fossiles conduisent à des conclusions contradictoires. Il faut pour résoudre la question faire abstraction des restes organisés et rattacher par des considérations purement stratigraphiques ce petit coin de la Savoie au système crétacé entier du département de l'Isère. Nous avons entrepris ce travail dont voici en peu de mots les résultats. Il existe dans le département de l'Isère un puissant système de roches à fossiles crétacés, formant une bande

dirigée à peu près da nord au sud dont la largeur moyenne est au moins de 18 kilomètres et la longueur de 75. Les montagnes de la Grande-Chartreuse , Villard-de-Lans et du Vercors en font partie. Du côté du nord, elle se prolonge au loin en Savoie. Au sud elle pénètre dans la Drôme et les Hautes-Alpes. En la soumettant à un examen à la fois stratigraphique et paleontologique, on est conduit à le partager en trois zones à peu près parallèles malgré l'irrégularité de leur contour et dirigées comme la bande totale du nord au sud.