Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 126]

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MÉTAMORPHISME DE LA ROCHE ENCAISSANTE.

peut très-bien étudier le métamorphisme du gypse par les roches trappéennes, car il y est souvent en contact avec l'ophite.

Je rappelle d'abord qu'on a souvent considéré ce gypse comme formé par des dégagements d'acide sul-

furique qui auraient accompagné les éruptions ophitiques. Mais cette opinion ne paraît pas être exacte. En effet, l'ophite est postérieur au gypse. Il s'y montre en dykes qui ont la forme de buttes et qui le traversent fréquemment. Quelquefois même, comme à Mar-

soulas , à Salues, à Anana , près de Vittoria, l'ophite

est en amas isolés au milieu du gypse dans lequel il a été injecté (1). De plus, il importe de remarquer qu'à une certaine distance de l'ophite , le gypse se présente tel qu'on le connaît dans les terrains stratifiés ; c'est seulement au voisinage de la roche éruptive qu'il a des caractères anormaux, et par conséquent on doit les attribuer au métamorphisme (2). il est d'ailleurs assez rare d'observer le contact immédiat des deux roches, soit parce que le gypse a été dissous, soit parce que l'ophite a été décomposé. Quoi qu'il en soit, voici quels sont les caractères anormaux du gypse au contact ou dans le voisinage de l'ophite : de même que pour le calcaire, ces caractères résultent de modifications dans la composition minéralogique, et surtout dans la structure. S 74.

Structure compacte. Ophite et Gypse.

Le gypse métamorphique a toujours une stratification confuse. Souvent même il aune structure compacte et sa stratification a complétement disparu. Qu'on examine cependant les échantillons qui ont été exposés à l'air, et l'on verra fréquemment la stratification reparaître (2). (i) Dufrénoy. Annales des mines, 50 série, t. 1I, p. '26. (2) Annales des mines, 5e série, t. IV, p. 56i.

ROCHES TRAPPEENNES.

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Le gypse change si facilement de structure, cpie le développement de la structure cristalline elle-même ne peut pas servir, comme pour le calcaire, à accuser l'action d'une roche éruptive. Ne voit-on pas, en effet, certains gypses du bassin de Paris perdre en partie leur stratification, prendre quelquefois une couleur parfaitement blanche, et devenir très-cristallins?

J'observerai cependant que le gypse au contact de l'ophite a généralement une structure cristalline. Dans certains cas, il est même à grandes lamelles. Quant à sa couleur, elle est blanchâtre, rouge, plus rarement grise. Si l'on recherche maintenant les minéraux que renferme le gypse métamorphique, il est encore assez difficile de savoir quels sont ceux qui se Sont formés par

l'influence de la roche trappéenne. On y trouve d'ailleurs de l'arragonite , du quartz, du fer oligiste, du fer spathique et même des zéolithes. L'arragonite est en beaux cristaux groupés, dont le gisement et les caractères sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de nous y arrêter plus longtemps. Ses cristaux se sont aussi développés dans les marnes qui accompagnent le gypse. Avec l'arragonite on rencontre généralement le quartz bipyramidé. Mais on sait que ce quartz bipyramidé s'observe quelquefois dans le gypse stratifié normal, notam-

S 75.

Arragonite.

§ 7e. Quartz.

ment dans celui des marnes irisées. En Espagne, loin de toute roche trapiiéenne , M. Ed. Collomb a d'ailleurs trouvé de l'arragonite associée au quartz sur de grandes étendues ; par conséquent, la présence de ces deux minéraux ne suffit même pas pour démontrer un métamorphisme produit dans le gypse par une roche éruptive. L'oxyde de fer imprègne fréquemment le gypse métamorphique auquel il donne une couleur rouge brique. Le fer oligiste peut même y être disséminé en petites lamelles. Toyni XII, 1857.

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S 77.

Fer oligisle.